Une intervention ivoirienne engagée et structurée
C’est Éric Gohou, directeur de Radio Alhobe FM et président de l’Union des Radios de Proximité de Côte d’Ivoire (URPCI), qui a porté cette voix. Dans une intervention saluée par les participants, il a retracé l’histoire et l’évolution du paysage radiophonique local en Côte d’Ivoire. Depuis les premières émissions en 1998, le pays compte aujourd’hui 305 radios privées non commerciales au 31 décembre 2024, dont plus de 150 membres affiliés à la faîtière URPCI, une structure qui fête cette année ses 26 ans d’existence.
Ces radios, qui diffusent en français mais aussi dans de nombreuses langues locales, sont au cœur du lien social et jouent un rôle capital dans l'accès à l’information des populations rurales et semi-urbaines, comme l’a démontré une étude menée par la HACA en 2016.
Radios de proximité : un outil citoyen, mais des défis persistants
Éric Gohou n’a pas manqué d’évoquer les défis majeurs auxquels font face ces radios le manque de moyens financiers, le faible ancrage communautaire pour certaines structures, et aussi le soutien limité des associations fondatrices, un modèle économique fragile. Malgré ces freins, il a salué l’appui de l’État ivoirien à travers l’Agence de Soutien et de Développement des Médias (ASDM), qui apporte des aides en équipements et en formation. Il a appelé à renforcer les capacités de gestion des radios, gage de leur pérennité et de leur impact réel au sein des communautés.
L'engagement ivoirien a également été salué à travers d'autres initiatives En parallèle, la Côte d’Ivoire a également été mise à l’honneur via le projet EMIVoire, sélectionné parmi les finalistes du Prix EMI pour son action en faveur de l’éducation aux médias.
Un plaidoyer pour un journalisme local durable
L’intervention d’Éric Gohou s’inscrit pleinement dans l’esprit de ces assises, placées sous le thème « Rassemblés pour informer. Malgré tout ! ». Elle met en lumière une réalité souvent ignorée dans les grands débats médiatiques : l'information de proximité est un levier puissant de cohésion sociale, de développement local et de participation citoyenne.
La Côte d’Ivoire, en apportant ce témoignage concret, a contribué à recentrer les échanges sur les conditions de production de l’information dans les territoires, et la nécessité de soutenir durablement les médias communautaires.
Une Méditerranée journalistique plurielle
Ces assises ont permis de croiser les réalités africaines et méditerranéennes, en abordant aussi les enjeux de l’IA, du traitement médiatique des migrations, de l’information en exil ou encore des partenariats Sud-Sud. Le programme Sahafa Med, soutenu par l’Union européenne, y a notamment renforcé la coopération avec les médias du Maghreb et du Levant.
L’intervention de la délégation ivoirienne aux Assises Méditerranéennes du Journalisme 2025 rappelle une vérité fondamentale : le journalisme local, ancré, multilingue et citoyen est une pièce maîtresse de toute démocratie vivante. À travers ses radios de proximité, la Côte d’Ivoire prouve que l’innovation journalistique peut aussi naître de l’écoute des communautés et du dialogue de terrain.
Edithe Valerie Nguekam