Pour une distance d'environs 160 kilomètres, les usagers doivent affronter des nids-de-poule béants, des ponts défectueux, des tronçons totalement impraticables en cette période de fortes pluies. Pis, depuis des lustres, cette route ne bénéficie d'aucun entretien conséquents. Selon certains conducteurs, pour un trajet prévu pour durer 2 heures, il faut plus de 6 heures pour le réaliser, avec des risques de pannes fréquentes ou même d’accidents. "C’est une souffrance permanente. Quand il pleut, nous sommes bloqués pendant des heures. Parfois, nous sommes obligés de dormir dans les véhicules, surtout les transporteurs", témoigne Kouamé Albert, conducteur de minicar reliant les deux villes.
La dégradation de cet axe n’impacte pas seulement la mobilité des personnes. Les agriculteurs, qui constituent la majorité de la population active de cette zone, peinent à écouler leurs produits agricoles vers les marchés. Le cacao, l’hévéa, l’huile de palme ou encore les produits vivriers sont souvent perdus, faute de moyens de transport adéquats. Malgré les multiples cris d’alarme lancés par les riverains, les transporteurs et les élus locaux, aucune action concrète n’a encore été engagée pour réhabiliter cette route cruciale pour l’économie locale. L’État a annoncé plusieurs projets de réhabilitation, mais leur mise en œuvre tarde. Les populations de Gagnoa, de Sassandra et des localités environnantes espèrent une réaction rapide des autorités. Car au-delà de l'inconfort, c’est toute une région qui est progressivement isolée, au détriment du développement économique et social.
Madouce Boniking ( correspondante)