Côte d'Ivoire/ La marche de l’opposition : le front commun entre force et fragilités

Rédigé par Ange Pascal le Dimanche 10 Aout 2025 à 21:33 | Lu 43 fois


Yopougon, 9 août 2025 — Des milliers de militants ont défilé samedi dans les rues de Yopougon à l’appel du Front commun, alliance circonstancielle entre le PDCI-RDA et le PPA-CI, pour exiger une présidentielle « inclusive et apaisée ». Si la mobilisation a montré la capacité de l’opposition à occuper l’espace public, elle a aussi révélé des fractures internes, avec l’absence remarquée de figures comme Simone Ehivet, Charles Blé Goudé et Ahoua Don Mello.


Côte d'Ivoire/ La marche de l’opposition : le front commun entre force et fragilités





 
La marche, encadrée par les forces de l’ordre et partie du quartier Saguidiba jusqu’à la place Ficgayo, s’est déroulée dans le calme. Les slogans brandis et scandés appelaient à la levée des exclusions électorales et au respect des droits démocratiques à moins de trois mois du scrutin présidentiel d’octobre.
La présence très visible du Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan a marqué les esprits. Elle s’est ajoutée à celle de plusieurs responsables politiques, comme Danièle Boni Claverie, et de représentants de petites formations et mouvements citoyens, donnant à l’événement une coloration plus large que la simple alliance PDCI-PPA-CI.

Mais cette démonstration d’unité a été entachée par des absences notables. Simone Ehivet, ancienne Première Dame, n’a pas pris part à la procession, préférant délivrer des messages d’apaisement en amont. Charles Blé Goudé, leader du COJEP, a également brillé par son absence, alimentant rumeurs et analyses sur un possible désaccord stratégique. Quant à Ahoua Don Mello, fraîchement déclaré candidat, il n’a pas jugé opportun de rejoindre le cortège, renforçant l’idée d’un front commun encore inachevé.

Au-delà des images fortes de la mobilisation, cette marche pose des questions de fond. Peut-elle déboucher sur une alliance électorale cohérente, ou restera-t-elle un épisode ponctuel dans un climat politique tendu ? Les leaders absents entreront-ils dans la dynamique ou resteront-ils en marge ? Et surtout, comment le pouvoir interprétera-t-il ce signal : comme une invitation au dialogue ou comme un avertissement à encadrer plus strictement ?

En affichant une capacité de mobilisation indéniable mais encore fragile dans ses contours, l’opposition ivoirienne laisse planer une incertitude : celle de savoir si, en octobre, le « front commun » sera réellement uni… ou seulement de circonstance.
 
Ange Pascal


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