Côte d'Ivoire/ Un projet immobilier inédit porté par des femmes : quand la diaspora construit l’avenir à Abidjan et obtient un financement 6 milliards de la BNI

Rédigé par Junior Gnapié le Lundi 19 Mai 2025 à 01:18 | Lu 285 fois


À Abidjan, un projet immobilier inédit voit le jour sous l’impulsion de 300 femmes issues de la diaspora ivoirienne. Réunies autour de l’association UIAFFIF, elles lancent la construction de 300 villas sur 8 hectares, avec le soutien de la BNI. Entre ambition sociale, encadrement juridique strict et innovation financière, cette initiative marque un tournant dans l’accès au logement en Côte d’Ivoire.







Paris, Colombes ce 17 mai 2025 à l'Espace Colbert – dans une salle vibrant d’émotion et d’espoir, plus de 300 femmes de la diaspora ivoirienne ont marqué un tournant historique dans le secteur immobilier ivoirien.
Réunies autour du projet UIAFFIF (Union Interfédérale des Associations Féminines et des Femmes Ivoiriennes de France), elles participent à la construction de 300 villas dans la commune de Bingerville, avec le soutien de la Banque Nationale d’Investissement (BNI) et l’implication directe de figures juridiques et techniques de premier plan.

« Je n’ai jamais vu cela en 25 ans de notariat », a affirmé Maître Assata Sylla, vice-présidente de la Chambre des notaires de Côte d’Ivoire. L’émotion dans sa voix traduisait l’ampleur de ce projet hors norme : 8 hectares, 300 logements, une cité bitumée avec écoles, espaces verts, réseaux complets et même un centre commercial. L’accompagnement bancaire, évalué à 6 milliards de francs CFA, a été obtenu sans apport initial, un fait rare dans l’univers du crédit immobilier.

Des maisons clés en main, à portée sociale
La formule proposée par la BNI est simple mais révolutionnaire : des villas basses de 4 pièces, livrées clés en main, à rembourser sur 5, 10 ou 15 ans. Le montant mensuel, établi à 222 000 FCFA (environ 339 euros) sur 15 ans, permet aux femmes de devenir propriétaires d’un logement dans un quartier en développement, avec un encadrement juridique rigoureux. « Le notaire, c’est le garant de la sécurité juridique. Sans acte notarié, il n’y a pas de propriété définitive », a rappelé Maître Sylla.

La vente est encadrée par une clause de condition suspensive, typique des crédits longue durée : tant que le paiement n’est pas intégral, la propriété reste juridiquement en suspens. Mais la transparence est totale. « Vous êtes propriétaires, mais vous pendouillez jusqu’à ce que le dernier franc soit payé », a expliqué avec humour un intervenant.

 

Carole Sanni présidente de UIAFFIF
Un modèle économique inédit pour la diaspora
À côté du projet des 300 villas, un second dispositif baptisé « crédit promoteur immobilier individuel » s’adresse aux Ivoiriens disposant déjà d’un terrain. Il permet, depuis l’étranger, de financer un immeuble à Abidjan, avec un remboursement adossé aux loyers perçus et garanti par la banque. Cette solution, pensée pour contrer les échecs de nombreux projets familiaux confiés à des proches, séduit par sa sécurité : « fini les photos truquées, c’est la banque qui supervise », résume M. Coulibaly Daouda, Chef du département pôle immobilier à la BNI.

Une initiative féminine, un message fort
À l’origine de cette initiative, Carole Sanni, présidente de l’UIAFFIF, incarne une vision audacieuse : redonner du pouvoir économique aux femmes de la diaspora tout en investissant dans le développement du pays. « La balle est dans notre camp », a-t-elle lancé à l’assemblée. Grâce à elle, le rêve immobilier se transforme en projet collectif, ancré dans le réel, avec le soutien de professionnels aguerris.

Le projet est désormais en phase d’exécution. Le terrassement a débuté, les premières fondations sont posées. « Ce n’est plus de la théorie, c’est du béton », a glissé avec fierté M. Kouassike Kpolo Guy Roland, un des ingénieurs. Dans deux ans, les bénéficiaires devraient recevoir les clés de leurs maisons.

Un modèle pour demain
À l’heure où la question du logement devient cruciale en Afrique, cette opération apparaît comme un modèle reproductible. Elle allie inclusion financière, leadership féminin, gouvernance transparente et vision urbaine durable.

Si elle réussit — et tout laisse à penser qu’elle réussira —, cette cité des femmes de la diaspora ne sera pas seulement un quartier d’Abidjan. Elle sera un symbole, une preuve que l’union, la solidarité et l’organisation peuvent bâtir des villes… et changer des vies.

Junior Gnapié


Dans la même rubrique :