Déclaration solennelle des députés de l’opposition : boycott de la rentrée parlementaire pour dénoncer un « processus électoral verrouillé »

Rédigé par Junior Gnapié le Jeudi 2 Octobre 2025 à 10:32 | Lu 47 fois


Abidjan, le 1er octobre 2025 – Les députés des groupes parlementaires du PDCI-RDA et du PPA-CI, rejoints par les non-inscrits Pascal Affi N’Guessan, Assalé Tiémoko et Djè Bi Djè Olivier, ont annoncé ce mercredi leur décision de boycotter la cérémonie solennelle de rentrée parlementaire. Dans une déclaration rendue publique, ils dénoncent la « forfaiture » du Conseil constitutionnel, l’instrumentalisation de la CEI et un verrouillage du processus électoral ouvrant la voie, selon eux, à un quatrième mandat anticonstitutionnel du président Alassane Ouattara.





𝗗𝗘́𝗖𝗟𝗔𝗥𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗘𝗦 𝗗𝗘́𝗣𝗨𝗧𝗘́𝗦 𝗗𝗘𝗦 𝗚𝗥𝗢𝗨𝗣𝗘𝗦 𝗣𝗔𝗥𝗟𝗘𝗠𝗘𝗡𝗧𝗔𝗜𝗥𝗘𝗦 𝗗𝗘 𝗟’𝗢𝗣𝗣𝗢𝗦𝗜𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗘𝗧 𝗗𝗘𝗦 𝗗𝗘́𝗣𝗨𝗧𝗘́𝗦 𝗡𝗢𝗡-𝗜𝗡𝗦𝗖𝗥𝗜𝗧𝗦 𝗗𝗘 𝗟’𝗔𝗦𝗦𝗘𝗠𝗕𝗟𝗘́𝗘 𝗡𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡𝗔𝗟𝗘 𝗗𝗘 𝗖𝗢̂𝗧𝗘 𝗗’𝗜𝗩𝗢𝗜𝗥𝗘


Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Chers invités en vos rangs, grades et qualités respectés,
Chers Collègues Députés,
 
Ce jour ,1er octobre 2025, marque l’ouverture de la deuxième et dernière session ordinaire de notre mandature, laquelle prendra fin avec l’organisation de nouvelles élections législatives.
Depuis cinq ans, nous légiférons au nom du Peuple souverain de Côte d’Ivoire. En démocratie, les lois que nous adoptons doivent être l’expression de la volonté du peuple et doivent s’inscrire dans la recherche de l’intérêt général.
 
Suite à la publication de la liste des candidats à l’élection présidentielle prévue se tenir le 25 octobre 2025, les Députés membres des Groupes parlementaires PDCI-RDA et PPA-CI à l’Assemblée nationale ainsi que les Députés non-inscrits que sont l’ancien Premier Ministre Pascal Affi N’GUESSAN, Monsieur Assalé Tiémoko et Monsieur Djè bi Djè Olivier tiennent à exprimer leur profonde désapprobation face à la conduite calamiteuse de ce processus.
 
En signe de protestation, les Députés de l’Opposition : PDCI-RDA et PPA-CI ainsi que les Députés non-inscrits décident de ne pas participer à la cérémonie solennelle de rentrée parlementaire marquant l’ouverture de la deuxième session de l’année 2025.
 
Cette décision, lourde mais impérative vise à alerter l’opinion nationale et internationale sur le fait que le régime RHDP refuse obstinément de créer les conditions d’une Paix durable et d’une indispensable Cohésion sociale nécessaires à la consolidation de l’unité de notre jeune Nation la Côte d’Ivoire.
 
Par ses agissements, le régime dirigé par le Président Alassane Ouattara met gravement en péril l’unité nationale et ouvre la voie à des lendemains incertains. En ignorant les nombreuses alertes données par les Institutions et Organisations internationales, ce régime expose notre pays aux drames qui avaient endeuillé les familles de nos compatriotes à la suite des scrutins présidentiels précédents organisés dans les mêmes conditions.
 
Monsieur le Président, les Députés de l’Opposition : PDCI-RDA et PPA-CI ainsi que les Députés non-inscrits ne sauraient se taire face à de telles dérives et se rendre complices de l’essor progressif d’un régime autocratique en Côte d’Ivoire.
 
Depuis l’instauration du multipartisme en 1990, la Côte d’Ivoire s’est engagée sur la voie d’une démocratie fondée sur la diversité d’opinions et la confrontation pacifique des projets de société.
Pour rappel, l’article 55 de la Constitution de la République de Côte d’Ivoire prévoit une élection présidentielle tous les cinq ans, avec un mandat renouvelable une seule fois, afin de permettre au peuple souverain de choisir librement entre différents modèles de gouvernance.
 
Ce processus devrait être simple, transparent, inclusif et consensuel, grâce à la mise en place d’Institutions électorales indépendantes, impartiales et équilibrées.
De ce fait, le Député, Représentant du Peuple, demeure la clef de voûte du processus législatif.
L’Exécutif, dans ses missions, fait des projets de loi et conduit la gestion du pays, le tout, dans le strict respect de la Constitution et des lois.
 
Or, en cette période électorale, le Pouvoir Exécutif incarné par le RHDP détourne régulièrement certaines lois pour en faire des instruments politiques contre ses adversaires. Loin de garantir l’État de droit, il manipule et interprète à sa guise les textes de lois pour servir des intérêts partisans.
 
Aujourd’hui, l’Exécutif manipule les Institutions essentielles du processus électoral : la CEI, les tribunaux, les forces de sécurité, le Conseil constitutionnel, afin de s’assurer une nouvelle réélection, illégale car anticonstitutionnelle, à la tête de l’État par l’intermédiaire d’un système électoral autocratique.
 
Face à cette violation répétée des lois et de la Constitution, les Députés membres des Groupes parlementaires PDCI-RDA et PPA-CI à l’Assemblée nationale ainsi que les Députés non-inscrits, ont décidé, au nom de la probité législative et du Peuple de Côte d’Ivoire dont ils assument le mandat, de s’opposer par la présente dénonciation publique.
 
Nous ne pouvions plus faire l’économie d’une interpellation responsable, de peur d’être complices devant l’histoire d’une autocratie, par notre silence face à la violation flagrante de la Constitution et des lois de la République par le Pouvoir RHDP.
 


Les preuves de cette dérive :
L’inconstitutionnalité flagrante de la décision du Conseil constitutionnel
Le 8 septembre 2025, le Conseil constitutionnel a écarté des Candidats de l’Opposition en violation manifeste de la Constitution et de sa propre loi organique. En statuant hors délai (Art. 56 alinéa 2 de la Constitution), Il méprise l'article 127 alinéa 1 de la Constitution et l'article 37 alinéa 2 de sa propre loi organique, qui imposent la publication de la liste définitive des candidats 15 jours avant le premier tour.
Le Conseil constitutionnel ignore également l'article 56 alinéa 4 du Code électoral qui lui impose d'arrêter et de publier la liste définitive 45 jours avant le scrutin.
En statuant proprio motu, le Conseil constitutionnel se place au-dessus de la Constitution et de la loi. Cette forfaiture n'a qu'un seul objectif qui est celui d’ouvrir un boulevard à un autre quatrième mandat anticonstitutionnel du Président Alassane Ouattara, conduisant inéluctablement à l'enlisement du processus électoral.
Le verrouillage du processus électoral Empêchement des principaux leaders de l’Opposition de participer à l’élection présidentielle de 2025. Opacité du système de parrainage des candidatures. Des candidats ont été exclus sans possibilité de contester des résultats ne correspondant pas aux décomptes qu’ils avaient transmis à la CEI. Refus de la révision annuelle de la liste électorale au titre de l’année 2025 par la Commission Électorale Indépendante (CEI), malgré l’allocation de plus de 27 milliards de francs CFA votée par les Parlementaires au Budget 2025 et l’obligation légale (Art. 2 de la loi portant Composition, Organisation, Attributions et Fonctionnement de la Commission Électorale Indépendante et Art. 6 de la loi portant Code électoral), excluant de fait les nouveaux majeurs et maintenant la radiation arbitraire de millions de citoyens en bafouant ainsi leur droit de vote. Mépris de la décision du Comité des Droits de l’Homme de l’ONU garantissant les droits politiques du Président Laurent Gbagbo et du Président Tidjane Thiam.
 

  La répression politique et les atteintes aux Droits Humains validées par les autorités judiciaires Arrestations arbitraires et détentions prolongées de responsables politiques et militants. Enlèvements nocturnes avec brutalité au domicile des citoyens et en pleine rue par des hommes encagoulés pour créer un climat de peur, caractéristique d’un véritable terrorisme d’État, en vue d’assurer le passage en force du régime. Interrogatoires sans Avocat, séquestrations, aveux forcés et diffusion de vidéos illégales. Criminalisation de toute critique du Gouvernement, y compris sur les réseaux sociaux. Ce qui est une interprétation erronée de la loi sur la presse et la communication audiovisuelle adoptée en 2022 malgré sa dénonciation par les Députés de l’Opposition.  La dérive monarchique et autocratique du Pouvoir RHDP
Tout l’appareil d’État, y compris les médias publics, est instrumentalisé pour servir le Président sortant et son Parti, le RHDP.
L’appartenance à l’Opposition est désormais assimilée à un délit.
 
Conclusion
Les Députés membres des Groupes parlementaires PDCI-RDA et PPA-CI à l’Assemblée nationale ainsi que les Députés non-inscrits réaffirment leur attachement irrévocable aux valeurs fondamentales de la République face aux velléités de monarchisation de la Côte d’Ivoire.
Les Députés membres des Groupes parlementaires PDCI-RDA et PPA-CI à l’Assemblée nationale ainsi que les Députés non-inscrits s’engagent, comme ils l’ont toujours fait dans le cadre de leurs missions, à se tenir aux côtés du Peuple pour user de tous les moyens strictement démocratiques, interpellations parlementaires, recours judiciaires, plaidoyers nationaux et internationaux, sensibilisations et marches citoyennes, afin que la prochaine élection présidentielle dans notre pays se tienne conformément à la Constitution et aux lois de la République dans la transparence et sans exclusion arbitraire.
 
Fait à Abidjan, le 1er octobre 2025
 
Pour les Députés membres des Groupes parlementaires PDCI-RDA, PPA-CI ainsi que les Députés non-inscrits Pascal Affi N’Guessan, Assalé Tiémoko et Djè Bi Djè Olivier
 



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