Guinée : élection présidentielle sous haute tension et enjeux démocratiques
Le scrutin guinéen qui aura lieu le 28 décembre 2025, est marqué par la candidature de Gen. Mamadi Doumbouya, le leader de la junte au pouvoir depuis 2021, dont la victoire est largement anticipée par les observateurs internationaux et certains médias. Malgré l’absence de figures d’opposition significatives — plusieurs étant exilées ou exclues du processus — une participation électorale substantielle est attendue, avec environ 6,7 millions d’électeurs inscrits appelés à se rendre aux urnes.
Le contexte est tel que certains analystes qualifient ce scrutin de test pour la consolidation de la démocratie en Afrique de l’Ouest post-coup d’État. Dans les couloirs politiques et chez les citoyens, les débats portent moins sur le vainqueur attendu que sur la crédibilité du processus électoral, la liberté d’expression et la capacité des institutions à instaurer un environnement politique réellement pluraliste.
Si certains segments de la population applaudissent les efforts du gouvernement en matière d’infrastructures ou d’initiatives économiques, d’autres dénoncent l’absence d’un véritable débat démocratique et réclament une révision des conditions de participation politique. Cette dualité témoigne de tensions persistantes entre aspirations populaires et stratégies institutionnelles, dans un paysage où la transition politique n’est pas encore considérée comme « achevée » au sens d’une démocratie pleinement inclusive.
Sur le plan international, l’Organisation de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des observateurs indépendants ont été déployés pour surveiller les opérations électorales et attester de leur transparence. Mais les critiques persistent, particulièrement autour du cadre constitutionnel qui allonge les mandats et réduit les opportunités pour l’opposition de s’exprimer efficacement.
La société civile guinéenne — malgré quelques restrictions — s’efforce de jouer un rôle de vigie démocratique en appelant au respect des libertés fondamentales, à la transparence du scrutin et à des garanties pour un climat politique apaisé. Des ONG locales et des réseaux citoyens ont participé à des campagnes de sensibilisation pour encourager un environnement pacifique et inclusif.
À quelques jours de la publication des résultats provisoires, les regards sont tournés vers Conakry mais aussi vers les capitales régionales d’Afrique de l’Ouest. Cette élection aura un impact qui dépasse largement les frontières guinéennes : elle sera un baromètre de l’état de la démocratie dans la région à l’aube de 2026.
Junior Gnapié