La CAN 2025 - les cartes politiques en Côte d’Ivoire : sport, cohésion nationale et enjeux sociétaux
Dans un pays où les enjeux politiques internes ont souvent été polarisants, la CAN 2025 apparaît comme un vecteur de rassemblement national, capable de transcender certaines divisions et de mobiliser la population autour d’un projet collectif. La décision des autorités et des médias ivoiriens de garantir la diffusion gratuite de tous les 52 matchs de la compétition sur les chaînes de la TNT a été saluée comme un geste fort en faveur de l’inclusion citoyenne et de la cohésion sociale, et devrait permettre à un maximum de foyers ivoiriens de suivre la compétition sans barrières financières.
Traditionnellement, le football en Côte d’Ivoire a servi de miroir à la société : en 2015 et 2023, les campagnes de matches internationaux ont été des occasions de rassemblement populaire intense, parfois même au-delà des clivages politiques habituels. Aujourd’hui, à quelques jours du premier match des Éléphants — qui défendront leur titre continental — l’ambiance est celle d’une nation tournée vers un objectif commun. Cette mobilisation a aussi un impact symbolique dans le contexte politique actuel, où le débat sur la gouvernance et l’avenir institutionnel reste vif en prélude aux législatives de fin décembre.
Les autorités ivoiriennes ont d’ailleurs encouragé cette dynamique de rassemblement. Plusieurs responsables, à différents niveaux de l’État, ont évoqué la CAN 2025 comme une occasion de renforcer l’esprit civique des citoyens et de promouvoir un message de paix et d’unité. Dans ce cadre, des initiatives communautaires ont été lancées, telles que l’installation d’écrans géants dans plusieurs quartiers pour permettre à tous les habitants de suivre les matchs en direct et de partager ces moments d’émotion collective.
Si le sport est souvent vu comme une pause bienvenue dans les tensions politiques, il n’en reste pas moins un terrain où les enjeux de gouvernance, d’organisation et de représentativité citoyenne peuvent être abordés, parfois de manière implicite. Dans les cercles politiques comme chez les analystes, la CAN est analysée comme un vecteur d’image internationale, de diplomatie douce et de renforcement du soft power ivoirien dans la région. Cette lecture s’inscrit dans un contexte de repositionnement de la Côte d’Ivoire à l’échelle africaine et mondiale, non seulement sur le plan sportif mais aussi économique et politique.
D’ores et déjà, la couverture médiatique de la CAN 2025 en Côte d’Ivoire — qui inclut la diffusion intégrale des rencontres et une couverture nationale dense — illustre combien le sport peut jouer un rôle fédérateur dans une période où l’agenda politique comprend plusieurs échéances électorales importantes.
Au-delà du déroulement des matches, certains sociologues et experts en sciences politiques observent que ce type de manifestation sportive continentale peut contribuer à forger une identité collective plus inclusive, en particulier pour les jeunes générations. Dans un pays où la démographie est en pleine expansion et où près de 60 % de la population a moins de 25 ans, des projets fédérateurs comme la CAN ont le potentiel de canaliser des aspirations positives vers la cohésion sociale et l’engagement citoyen.
Ainsi, pour Abidjan4all.net, il ne s’agit pas seulement de couvrir les performances sportives, mais aussi de décrypter comment la CAN 2025 s’inscrit dans un moment clé de l’histoire politique et sociale ivoirienne, dans lequel le sport devient une fenêtre sur des enjeux plus larges, tout en rapprochant les citoyens de leur passion collective pour le football.
Junior Gnapié