Lia Ferdinand Gnan : « Entre Gbagbo et Affi, je choisis la légalité »

Rédigé par Abidjan4all le Vendredi 16 Avril 2021 à 01:25 | Lu 323 fois


Dans cette interview qu’il a accordée au quotidien L’Avenir, Lia Fernand Gnan, secrétaire national de la jeunesse du Fpi, dirigée par Affi N’guessan, parle du retour de Laurent Gbagbo, de l’introuvable réunification de ce parti.


Comment vous-vous sentez de puis l’acquittement définitif de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé ?

Comme tout Ivoirien épris de justice, c’est un ouf de soulagement que nous avons poussé quand l’acquittement définitif a été prononcé par la Cour pénal internationale (CPI). Nous avons été meurtris par l’arrestation du président Laurent Gbagbo le 11 avril 2011. La Côte d’Ivoire venait tout simplement de sombrer. C’était un moment difficile que nous avons vécu. Aujourd’hui, ils sont lavés de toutes les charges et nous en sommes heureux.

Dans son intervention lors du premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, le président de la République a dit que le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pouvaient ‘’rentrer au pays quand ils le souhaitent’’. Comment vous avez accueilli cette annonce ?

Nous l’avons toujours espérée. Le président Alassane Ouattara a fait un pas humainement appréciable. Maintenant, le contenu de cet appel reste à apprécier. Pour notre part, nous souhaitons qu'il aille plus loin. N’oublions pas que le président Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont été condamnés par la justice ivoirienne, chacun à vingt ans de prison. Le porte-parole du gouvernement ivoirien, à l’issue de l’annonce, a indiqué que la justice était indépendante, donc qu’elle fera son travail. Nous souhaitons une amnistie partielle ou même to tale de nos camarades qui seront là bientôt.

Comment préparez-vous l’arrivée du président Laurent Gbagbo ?

Nous n’avons pas été associés par nos camarades pour l’organisation du retour du président Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Si nous sommes saisis officiellement nous n’allons pas nous faire prier pour prendre part à cette organisation avec eux. A notre niveau, ce que je pourrai vous dire, c’est que quelque chose se prépare.

Avec le retour du président Laurent Gbagbo, comment voyez-vous votre futur?

Je suis tout simplement, le secrétaire national de la jeunesse du FPI. Le retour du président Laurent Gbagbo ne changera rien en cela. Jusqu’à ce qu’un congrès soit organisé et que je ne sois plus le secrétaire national de la jeunesse ou que je démissionne par moi-même. Sous les auspices du président Pascal Affi N'guessan, je suis toujours le secrétaire national des jeunes du FPI. J’agis dans le sens de ses recommandations.

Le président du FPI, Pascal Affi N'guessan, dément toute négociation entre lui et Laurent Gbagbo afin de lui laisser la présidence du parti. Qu’en savez-vous ?

Effectivement, il n'y a jamais eu de négociations entre les présidents Laurent Gbagbo et Pascal Affi N'guessan pour la présidence du parti. Nous avons été, à un moment donné, autour d’une table pour voir comment faire en sorte que le parti soit réconcilié. Pendant plusieurs semaines, nous avons été en discussion avec nos camarades dissidents. A un moment donné, ces derniers ont abandonné la table de négociation sous prétexte qu’il y avait la COVID-19 qui faisait rage. Pourtant, le camarade Assoa  Adou, qui avait brandi ce prétexte en premier, n’a pas hésité à aller parler avec le PDCI-RDA d’Henri Konan Bédié. Nous avons tous vu l’alliance qui est née de ces échanges entre eux. Il n'y a donc jamais eu de deal entre les présidents Pascal Affi N'guessan et Laurent Gbagbo.

Honnêtement, pensez-vous que si le président Laurent Gbagbo arrive vous aurez encore une légitimité non seulement auprès des militants mais aussi auprès du pouvoir ?

Ce n’est pas une affaire de FPI légal et de FPI non légal. C’est la mauvaise foi des uns et des autres qui a fait éclater le parti. Ils ont passé leur temps à affaiblir le président Pascal Affi N'guessan, qui est devenu l’ennemi de tous. C’était l’homme à abattre. Nous sommes dans un pays de loi. Nous avons gagné un procès contre nos camarades en France et aussi en Côte d’Ivoire. Il ne s’agit pas de ‘’FPI reconnu par le pouvoir en place’’. Aujourd’hui, même si Laurent Gbagbo arrive, il ne pourra pas se prévaloir du titre de président du FPI. Tout ce qui se fait, c’est juste parce que le président Laurent Gbagbo est loin. Lorsqu’il rentrera, le président Pascal Affi N'guessan va continuer d’être le président du FPI.

Vous êtes le Secrétaire national du FPI légal, si on vous demandait Affi ou Gbagbo, que répondez-vous ?

Très honnêtement, je dirai légalité. Les valeurs que nous avons apprises dans les partis socialistes, c’est le respect des lois. Il ne faut pas occulter ce pan. Nous voulons être respectueux de ces valeurs socialistes. Je ne dirai ni Laurent Gbagbo ni Pascal Affi N'guessan, cependant, si c’est le président Pascal Affi N'guessan qui incarne la légalité alors, c’est que c’est lui que nous soutenons. Je suis donc dans le camp de la légalité.

Cette année, la commémoration du 11 avril a été célébrés en rangs dispersés : Assoa Adou et certains militants au terrain d’Anono ; Simone Gbagbo à sa résidence avec d’autres militants notamment ceux de « Ehivet Capable » et Pascal Affi N'guessan de son côté. N’est-ce pas là une preuve que l’unification tant attendue n’est pas pour demain ?

C’est malheureux pour le FPI de ne pas pouvoir s’unir pour une date aussi importante que le 11 avril. En ce qui concerne notre parti, le président Pascal Affi N'guessan a vécu cette date anniversaire avec beaucoup de sobriété. Nous avons été à ces côtés et nous avons vu comment l’homme a regretté ces moments difficiles pour la marche de notre parti. Il aurait voulu avoir tous ces camarades autour de lui pour faire un bilan d’autant plus que le président Laurent Gbagbo est définitivement libre. Malheureusement, certains ont choisi d’être plus Gbagbo que Gbagbo lui-même, les autres ont choisi d’être avec Gbagbo que Gbagbo lui-même et nous autres, nous avons choisi d’être avec le FPI tout simplement.

Avez-vous des regrets d’avoir suivi Pascal Affi N'Guessan ?

J’ai choisi de suivre la voie d’une vision claire et nette. J’ai choisi de suivre un homme de vision. Je ne rentre pas dans les considérations émotionnelles. Je ne regrette pas d’avoir choisi le président Pascal Affi N'guessan. Si c’était à refaire, je le referais. Chaque fois qu’une situation telle que celle qui s’est présentée à mon président arrive, je prendrai les mêmes dispositions.

Source : L’avenir n°015 du jeudi 15 avril 2021

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