Médias/ Le porte parole de l'Ismci étale la misère des journalistes et demande 13 milliards F à l'État.

Rédigé par Kouassi Norbert dit Norbert Nkaka Koffi le Jeudi 4 Mai 2023 à 17:41 | Lu 162 fois


La célébration de la 30 ème journée mondiale de la liberté de la presse en Côte d'Ivoire, le 3 mai a donné lieu aux acteurs des médias de vider leurs larmes face à la misère qu'ils vivent au quotidien. Le porte-parole de l'intersyndicale du secteur des médias de Côte d'Ivoire (Ismci), Sam Wakouboué, a mis au grand jour, la houle dans laquelle sombre la presse ivoirienne. Il demande à l'État de consacrer 13 milliards de F de son budget pour sauver les meubles.


Peut- on parler véritablement de liberté de la presse en Côte d'Ivoire quand on voit les maisons de la presse s'effondrer avec leurs journalistes dedans? En tout cas le discours très émouvant et touchant du porte- parole de l'Ismci, Sam Wakouboué, a fait exploser plusieurs boules dans le ventre des nombreux journalistes présents. Et la vapeur qui en sortait était suffocante et nauséabonde. Le discours de Sam Wakouboué n'était guère une dictée préparée encore moins cette réthorique servie aux grands chefs lors des cérémonies classiques. Mais plutôt la synthèse de ce que vivent réellement les journalistes et les maisons des médias. Pour paraphraser l'un des plus grands artistes reggae ivoiriens Tiken Dja Fakoly, " la presse va mal!". Et Sam Wakouboué a eu la sincérité de le traduire, de le faire sentir, de le faire vivre... Ce n'est pas un secret, les journalistes mal payés, il y en a beaucoup. La chute drastique des chiffres de vente, c'est quotidien. Les contrats non respectés, on n'en parle pas. Les arriérés de paiement des salaires, ho là là !!! Comment dans ces conditions, peut on parler de liberté de la presse ? C'est là le noeud gordien! De fait, l'intervenant du jour n'a rien laissé de côté, en ce qui concerne les journalistes... même ceux de la maison bleue (Rti), qu'on appelle abusivement " les enfants gâtés" parce que bénéficiant du reversement (?) de la redevance, sont aussi fortement touchés par " l'automne de la presse ivoirienne". " Pour le compte de sa politique salariale, la Rti a mis en place une nouvelle grille salariale, dite grille des métiers. Lors de la translation vers cette nouvelle grille, près de 385 travailleurs ont subi la réduction ou la disparition de la ligne sursalaire. Cette action brusque a occasionné une perte d'environ 18 millions de francs/mois. Démotivés et révoltés, les camarades demandent le rétablissement de leurs sursalaire acquis depuis plusieurs années suite au blocage des avancements indiciaires à la Rti", dévoile le porte-parole qui dénonce plusieurs incongruités dans la gestion de ce médias d'État. La situation à Fraternité Matin n'est pas non plus reluisante, malgré le redressement économique en 2018. " Les difficultés ont refait surface. Le grand retard du paiement des salaires, le non paiement des passifs des travailleurs, le non reversement des précomptes au titre du prêt scolaire...", révèle Sam Wakouboué. Selon lui, tous ces maux trouvent leur encrage dans l'augmentation du coût d'impression, la suspension de la subvention à l'impression des journaux pourtant liée à l'application de la convention collective des salaires des journalistes, les effets désastreux de la Covid-19, la dette fiscale, la faillite d'Edipresse, la fermeture des organes de presse par l'Anp... Au demeurant, les quelques actions positives de l'État, notamment la livraison de la salle de conférence de la maison de la presse d'Abidjan, la libéralisation de l'espace audiovisuel avec l'octroi de la licence de diffusion à plusieurs chaînes de télévision et la suppression des peines privatives de liberté pour les délits de presse ne sauraient éclipser les nombreux problèmes des médias. C'est pourquoi le porte parole estime que le gouvernement ivoirien doit accorder une aide substantielle pour sauver le secteur des médias. Selon lui, le décaissement annuel de 13 milliards de francs, soient 0,01 % du budget pourrait constituer une bouffée d'oxygène en plus d'autres actions en faveur du secteur des médias. "La mise en place urgente de ces mesures pourrait assurer la vitalité économique des entreprises des médias", signifie t il. Il convient de signaler que cette 30ème journée mondiale de la liberté de la presse avait pour thème : " Façonner un avenir de droits: la liberté d'expression comme moteur de tous les autres les autres droits de l'homme".

Norbert Nkaka

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