NOUS VOICI À LA CROISÉE DES CHEMINS

Rédigé par Abidjan4all le Jeudi 9 Septembre 2021 à 22:59 | Lu 434 fois



L'ex-président Guinéen, Alpha Condé aux mains des mutins



 
De toutes les nombreuses raisons que les uns et les autres avanceront pour justifier le coup d'état contre Condé, il en est une qui prédominera : celle qui touche au non-respect et au tripatouillage de la constitution pour rester au pouvoir. La question que nombre d'observateurs et d'analystes politiques se posent est en effet la suivante : comment Condé, cet intellectuel et naguère chef de file de l'opposition dans son pays, cette icône de la lutte pour l'instauration de la démocratie en Afrique, a-t-il pu en arriver là ? 
 
N'est-ce pas lui qui disait, il y a peu, qu'il ne modifierait jamais la constitution, se battrait pour une répartition équitable des richesses du pays et lutterait contre la corruption et le népotisme? Que s'est-il donc passé pour qu'il fasse exactement le contraire de ce qu'il a dit et promis, lui l'intellectuel, le socialiste? Assurément le pouvoir corrompt et avilit. Alpha Condé n'aurait pas échappé à ce qui semble être devenu la règle.
 
Car en poussant un peu plus loin nos analyses, nous découvrons que sous nos tropiques, beaucoup d'autres intellectuels, des professeurs d'université, des opposants et socialistes, étaient aussi venus démocratiquement au pouvoir, avaient aussi suscité de réels espoirs, mais ont fini par avoir le même comportement que lui, décevant par ricochet les populations qui les ont placés sur le piédestal du pouvoir. Comme Alpha Condé, certains sont sortis par la petite porte de l'histoire. 
 

Le président Félix Houphouët Boigny et son opposant Laurent Gbagbo - Credit photo Blog daniel baoule
Alain Foka a donc raison de dire : "Alpha Condé est l'exemple parfait de l'échec de l'intellectualisme africain". Bien avant Foka, le vieux Félix Houphouët-Boigny ironisait déjà aussi sur l'incapacité des enseignants voire des intellectuels (il parlait de Gbagbo et des intellectuels du FPI) à diriger un pays. Il cita l'exemple d'un certain Salazar, le seul enseignant devenu président et qui fut un très mauvais président parce que devenu dictateur. 
 
L'échec des intellectuels au pouvoir doit désormais servir de leçon à nos populations pour qu'elles n'élisent plus leurs dirigeants sur la base de leurs CV hyper fournis mais sur celle de leur capacité et sincérité réelles à faire ce qu'ils disent, peu importe qu'ils ne soient pas des professeurs d'université ou n'aient pas étudié dans les grandes écoles d'Europe. 
 
Il est vraiment triste de constater qu'après avoir combattu les partis uniques et les pères fondateurs, les peuples africains se retrouvent encore aujourd'hui humiliés par ces intellectuels en qui ils avaient pourtant placé tous leurs espoirs. Nous voici donc à la croisée des chemins, pire, à la case départ. 
 
Les Africains et les jeunes en premier devraient faire désormais attention pour ne plus se laisser prendre au piège des discours populistes. Ils devront absolument se débarrasser de ces pesanteurs paternalistes et claniques qui les assaillent trop souvent et les empêchent de faire les bons choix.
 
EDOUARD YRO COPENHAGUE, DANEMARK
EDOUARDYRO@GMAIL.COM

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