Nuit de tension à Abidjan : Pascal Affi N’Guessan encerclé par des soldats, puis s’adresse à la nation depuis sa résidence

Rédigé par Junior Gnapié le Lundi 13 Octobre 2025 à 12:18 | Lu 187 fois



Les agents de sécurité proches de M. Affi intervenant pour le raccompagner à l’intérieur de sa résidence




L’atmosphère a été particulièrement tendue dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre autour de la résidence de Pascal Affi N’Guessan, ancien Premier ministre, député et président du Front Populaire Ivoirien (FPI).
Des soldats auraient encerclé son domicile pendant plusieurs heures, empêchant toute entrée ou sortie. Face à cette situation, le leader politique, connu pour son calme et sa fermeté, est sorti de chez lui pour interpeller directement les militaires :
« Si vous voulez m’arrêter, faites-le ! »
Un geste courageux, capté par plusieurs témoins et relayé sur les réseaux sociaux, qui a immédiatement suscité une vague d’indignation et d’inquiétude à travers le pays.

« Un blocus de près de quatre heures sans explication »
Joint quelques heures plus tard par le journaliste Jacque Roger Show, le président du FPI a livré son témoignage exclusif :
« Je suis chez moi, à la résidence. En définitive, le blocus qui a été mis en place, pour des raisons que j’ignore, pendant près de deux heures, a été levé », a-t-il déclaré.
Il précise cependant que la mesure avait totalement paralysé la vie dans sa concession :
« Tout ce qu’ils nous ont dit, c’est que personne n’avait le droit de sortir ni d’entrer. Les visiteurs venus me voir n’ont pas pu regagner leur domicile. Même les enfants venus nous saluer ont été bloqués. Nous avons vécu sous ce régime de blocus pendant près de quatre heures. »
À la question de savoir s’il se sentait en sécurité, M. Affi a répondu sans détour :
« Non, nous ne sommes pas en sécurité, mais nous prenons acte. Nous sommes dans un pays d’insécurité, mais c’est notre pays. On confie notre sécurité à nous-mêmes. Je ne voulais pas dire adieu, mais c’est tout comme. »

Un climat politique de plus en plus pesant : Akossi Benjo également visé
L’incident survenu chez le président du FPI n’est pas isolé. Quelques jours plus tôt, un autre épisode similaire a été signalé au domicile du maire Akossi Benjo, cadre influent du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA).
Selon des témoins, des éléments armés auraient également encerclé sa résidence à Cocody, empêchant toute entrée et sortie durant plusieurs heures, sans explication officielle.
L’ancien maire du Plateau aurait dénoncé une “manœuvre d’intimidation inacceptable”, estimant que ces actes visaient à “instaurer un climat de peur” à l’approche des échéances électorales.

Ces deux incidents, survenus à quelques jours d’intervalle, traduisent la tension latente qui traverse le pays et soulèvent de sérieuses inquiétudes sur le respect des libertés publiques.

« L’épée de l’arrestation pèse sur la tête de tous les Ivoiriens »
Interrogé sur la possibilité d’une nouvelle action du Front Commun de l’opposition, Affi N’Guessan a rappelé sa solidarité avec les mouvements citoyens et politiques engagés pour la liberté :
« Si le Front Commun a lancé un mot d’ordre, nous sommes solidaires de tous les combats menés pour la démocratie. »
Mais pour lui, la menace reste réelle :
« Le blocus est levé, mais je suppose qu’il y aura une suite. Peut-être un repli tactique avant un retour demain matin. L’épée de la démocratie, ou plutôt de l’arrestation, pèse toujours sur la tête de tous les Ivoiriens. »

« Ne pas avoir peur » : le message d’un résistant
En conclusion de son entretien, Pascal Affi N’Guessan a tenu à adresser un message fort à ses compatriotes :
« Il ne faut pas avoir peur. Ne pas céder à l’intimidation ni au découragement. La lutte pour la liberté est longue et pleine de menaces, mais elle est incontournable. Il s’agit de la souveraineté et de la démocratie, les fondements de notre progrès. »
Et d’ajouter avec gravité :
« Nous devons construire un État de droit pour nos enfants, un pays où la justice est indépendante, où les droits de l’homme sont respectés. Nous ne devons pas faillir, nous devons être à la hauteur des défis. Le premier élément, c’est le courage. »

Silence du gouvernement, inquiétude dans l’opinion
Pour l’heure, aucune autorité n’a communiqué sur les raisons de ce blocus militaire. Ce silence officiel alimente les interrogations sur la nature de l’opération et sur le climat politique de plus en plus pesant à l’approche des prochaines échéances électorales.
Dans le pays comme sur les réseaux sociaux, les appels au calme et à la retenue se multiplient. Beaucoup espèrent que cet épisode ne marque pas le début d’une nouvelle série de tensions entre le pouvoir et l’opposition.

En attendant, Pascal Affi N’Guessan reste chez lui, sous vigilance accrue.
La nuit du 12 au 13 octobre 2025 restera, à n’en pas douter, comme un nouvel avertissement dans une Côte d’Ivoire toujours en quête de sérénité démocratique.

— Ange Pascal / Abidjan4all.net
 

Position des cargos de police devant le domicile de l'ancien premier ministre et député


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