C'est connu que les partis et groupements politiques de façon générale et ceux de notre pays, sont des associations privées mais d'utilité publique. Ils exercent librement leurs activités sous la condition de respecter les lois de la république. Ils concourent à la formation de la volonté du peuple et à l'expression du suffrage, tels que disposé par les articles 13 et 14 de la constitution ivoirienne.
Aussi, fédèrent-ils des personnes autour d'un projet de société, d'une vision et d'un programme de gouvernement c'est-à-dire d'un ensemble d'idées qu'ils comptent mettre en pratique pour la transformation qualitative de la société en ses dimensions politique, économique et sociale.
De ces considérations basiques, il appert que l'existence des Etats modernes et démocratiques reste consubstantielle à celle des partis politiques. De là, l'impératif de leur vitalité.
Mais d'où les partis politiques peuvent-ils tirer cette vitalité ?
Le projet de société ou la vision philosophique est pour les partis politiques ce qu'est le sang ou l'oxygène pour le corps humain. Il en est le substrat, l'infrastructure à partir duquel s'élèvent les superstructures que renferme le programme de gouvernement. Le projet de société demeure l'inspirateur des choix politiques, sociales et économiques, même s'il est par ailleurs vrai qu'une profonde dialectique lie les deux termes.
Un parti politique sérieux et digne de ce nom, met toujours un honneur à rédiger et à partager avec son élite et ses militants la vision et le programme qui leur donnent une identité et des arguments pour draguer la clientèle de sympathisants et d'électeurs.
En définitive, la vraie question qui se pose au delà des voiles pudiques est la suivante : nos partis politiques sont-ils réellement des partis politiques tels que définis préalablement, ou ne sont-ils que des sectes où officient des gourous ?
Dans les faits, on est tenté d'opter pour la seconde branche de l'alternative.
En effet, si tant est que l'idéal de société est conçu et partagé par tous dans un parti politique, surtout au niveau du stratégique, alors comment expliquer que face aux impondérables de la vie politique éminemment concurrentielle, certains choisissent-ils l'hystérie collective aliénante en lieu et place de la pro-activité libératrice ?
L'histoire de l'humanité et celle des organisations politiques, qu'elle soit ancienne ou contemporaine, bien que ne conduisant pas à un déterminisme strict, indique toutefois une tendance régulière, à savoir que bien de partis ont eu à préférer un autre champion au champion initial. Bien de partis sont passés du plan A au plan B.
Ils l'ont fait tout simplement parce qu'ils ont compris qu'ils ne sont pas seuls au monde et que tout ne dépend pas de leur bon vouloir. Ils l'ont fait parce qu'ils ont compris que quel que soit le génie du leader du moment, certes il peut incarner l'idéal mais il ne peut se substituer à celui-ci. Entre le principe de plaisir et le principe de réalité, ils ont fait droit au principe de réalité.
Comme pour dire que dans une écurie performante, un cheval peut toujours en remplacer un autre.
Au moment où nous croyons fortement que notre pays la Côte d'Ivoire, dans ces courbes momentanées de son histoire, trace inexorablement la droite ligne vers la consolidation de l'état de droit, il nous appartient à tous de faire preuve de responsabilité en surmontant nos egos, parce qu'il ne peut en être autrement. Parce que l'humanité y compris les ivoiriens semble condamnée à toujours s'élever vers des étapes supérieures de conscience. Les générations à venir ne pourront que nous en être reconnaissantes.
En définitive, ni les déclarations péremptoires, ni les fausses bravades, ni les ultimata, ni les "arrachages" de micros, ne peuvent arrêter la marche de l'histoire dont la boîte de vitesse, heureusement, fait l'économie de la "marche-arrière".
Au nom de la vision partagée, au nom des impondérables de l'existence et au nom de l'inflexibilité de la loi, les plans B, C et autres s'imposeront au moment venu.
Vérité sous les Pyrénées, Vérité au-delà !
Nous y arriverons.
Koulibaly Seydou
Militant du Front Populaire Ivoirien