En 2025, 15 pays africains ont mené des campagnes synchronisées qui ont permis d’administrer au moins une dose de vaccin à près de 200 millions d’enfants. La coordination transfrontalière, notamment dans la Corne de l’Afrique et le bassin du lac Tchad, a été déterminante pour atteindre les zones difficiles d’accès. Résultat : le nombre de pays touchés par des épidémies actives de poliovirus de type 2 est passé de 24 à 14, soit une réduction de 54 % des détections du virus en un an.
La Côte d’Ivoire, un modèle régional de vigilance
Dans cette dynamique continentale, la Côte d’Ivoire s’illustre par une avancée majeure : l’inauguration d’un laboratoire de pointe à l’Institut Pasteur d’Abidjan, entièrement dédié à la détection rapide du poliovirus. Ce centre modernisé, équipé de la technologie MinION pour le séquençage génétique, permet désormais de lire directement le code du virus sans envoyer les échantillons à l’étranger.
Une innovation qui, selon le ministre de la Santé Pierre N’Gou Dimba, renforcera la capacité du pays à « garder une longueur d’avance sur le virus et à protéger les enfants ».
Jusqu’ici, la Côte d’Ivoire dépendait des analyses menées en Afrique du Sud, ce qui allongeait les délais de riposte. Désormais, le pays peut détecter et répondre quasiment en temps réel à toute menace. Cette autonomie scientifique positionne Abidjan comme un pôle de référence en Afrique de l’Ouest.
Des résultats probants, une vigilance de tous les instants
En 2024, la Côte d’Ivoire avait recensé 31 détections de variants circulants du poliovirus de type 2. En 2025, seuls deux cas ont été identifiés, suivis d’une campagne de riposte massive ayant permis de vacciner près de 10 millions d’enfants dans 113 districts. Ces résultats témoignent d’une surveillance accrue et d’une réactivité exemplaire des autorités sanitaires, appuyées par l’OMS et la Fondation Bill & Melinda Gates.
Le représentant de l’OMS en Côte d’Ivoire, Dr Lucien Manga lors de l’inauguration de ce centre avait salué l’initiative qu’il a qualifiée « d’atout inestimable pour la sous-région ». Un projet capable d’endiguer les épidémies plus rapidement que jamais. L’objectif est clair : faire de la Côte d’Ivoire un pays autosuffisant en capacités de détection d’ici 2026 et un pilier régional de la surveillance intégrée des maladies.
Dr Mohamed Janabi OMS Afrique
Le dernier kilomètre, le plus décisif
Si les progrès sont indéniables, l’OMS rappelle que la vigilance ne doit pas faiblir. La baisse de la couverture vaccinale dans certaines zones, les conflits et la désinformation demeurent des menaces. Pour le Dr Mohamed Janabi, directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, « le dernier kilomètre est toujours le plus difficile, mais aussi le plus décisif ».
L’Afrique, désormais proche d’une éradication totale de la poliomyélite, doit maintenir la solidarité régionale, le financement et la mobilisation communautaire pour transformer cet espoir en réalité durable.
Edithe Valerie Nguekam
L’Afrique, désormais proche d’une éradication totale de la poliomyélite, doit maintenir la solidarité régionale, le financement et la mobilisation communautaire pour transformer cet espoir en réalité durable.
Edithe Valerie Nguekam