Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : Trente candidatures déjà déposées à la CEI, entre sérieux et quête de visibilité

Rédigé par Ange Pascal le Lundi 25 Aout 2025 à 02:49 | Lu 37 fois







 
Un paysage électoral foisonnant où se mêlent poids lourds et candidatures de témoignage
La Commission Électorale Indépendante (CEI) a déjà enregistré 30 dossiers de candidature pour l’élection présidentielle de 2025. Une étape clé qui illustre à la fois l’intérêt porté à ce scrutin décisif et la diversité des ambitions politiques en Côte d’Ivoire.
 
Parmi ces premiers candidats figurent des personnalités de premier plan comme Pascal Affi N’Guessan, président du FPI, Tidjane Thiam, ex-banquier international et leader du PDCI, ou encore Simone Ehivet Gbagbo, figure historique de la résistance au régime Ouattara. La liste inclut également des leaders politiques chevronnés tels que Henriette Lagou, connue pour son engagement constant dans l’opposition, et des profils du monde économique comme Jean Louis Billion.
 
Mais à côté de ces noms familiers, une multitude de candidatures individuelles apparaissent, portées par des acteurs parfois méconnus du grand public : enseignants, cadres du privé, responsables associatifs. Ce foisonnement interroge sur la signification réelle de ces dépôts massifs.
 
Entre démocratie élargie et inflation symbolique
Cet engouement peut être interprété comme un signe de vitalité démocratique : la présidentielle attire de nombreux citoyens désireux de porter leur voix dans le débat national. Toutefois, il révèle aussi les limites d’un système électoral qui ne filtre pas suffisamment les candidatures fantaisistes. Dans bien des cas, il s’agit moins d’une volonté réelle d’accéder à la magistrature suprême que d’une quête de reconnaissance, de visibilité médiatique ou de positionnement futur dans l’arène politique.
 
Les candidatures dites « sérieuses » devraient se réduire après l’examen rigoureux des dossiers par la CEI et surtout par le Conseil constitutionnel. Les critères d’éligibilité – caution financière élevée, parrainages citoyens et conformité juridique – joueront un rôle de filtre déterminant.
 
Le cas particulier de Thiam et Gbagbo
Un point sensible émerge toutefois : la candidature de Tidjane Thiam, qui a déposé son dossier alors même qu’il figure parmi les personnalités radiées de la liste électorale. Son geste marque un défi juridique et politique, puisqu’il entend contester le bien-fondé de son exclusion et forcer les institutions à se prononcer. Dans la même logique, Laurent Gbagbo, également radié, a annoncé qu’il déposera officiellement sa candidature le lundi 25 août 2025. Ces cas emblématiques pourraient devenir de véritables tests de crédibilité pour la CEI et le Conseil constitutionnel, tant leur traitement aura des conséquences directes sur la perception de l’équité du processus électoral.
 
Une bataille politique déjà polarisée
Au-delà du nombre, l’attention se concentre sur les clivages politiques réels :
Le camp présidentiel, avec le RHDP d’Alassane Ouattara, encore dans l’attente d’une candidature officielle, même si le chef de l’État a récemment annoncé son intention de briguer un nouveau mandat.
L’opposition, désormais plurielle, structurée autour de Tidjane Thiam (PDCI), Pascal Affi N’Guessan (FPI), et Simone Gbagbo, qui veut incarner une alternative à la fois historique et morale.
 
La présence de nombreuses candidatures secondaires pourrait, paradoxalement, servir les grandes machines politiques, en émiettant l’électorat contestataire sans offrir d’alternative crédible.
 
Un test institutionnel avant le vrai combat
L’étape actuelle n’est donc qu’un prélude au véritable affrontement électoral. La CEI et le Conseil constitutionnel devront trancher entre candidatures sérieuses et initiatives symboliques, dans un contexte où la crédibilité des institutions électorales reste un enjeu central. La capacité de ces organes à garantir transparence et équité sera scrutée de près, tant à l’échelle nationale qu’internationale.
 
Avec trente prétendants déjà déclarés, la présidentielle ivoirienne de 2025 s’annonce comme un moment décisif de clarification politique. Entre ambitions individuelles, candidatures stratégiques et confrontations programmées entre poids lourds, le processus électoral est entré dans une phase où la démocratie semble à la fois foisonnante et fragilisée.
 
Ange Pascal


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