Assalé Tiémoko Antoine, président de l'ADCI
Un discours charnière : oser la rupture, incarner le changement
Dans un ton à la fois direct et profondément humain, Assalé Tiémoko a livré une allocution vibrante, en écho au thème de la rencontre : « Quelle vision d’un leadership transformationnel pour une Côte d’Ivoire de confiance portée par sa diaspora ? »
Le terme « leadership transformationnel » n’était pas une formule de circonstance pour l’orateur. Il en a détaillé le sens avec puissance, humilité et profondeur, à partir de sa propre trajectoire. Dès les premières minutes, Assalé Tiémoko a campé le décor :
« Si la politique ivoirienne était un menu, on a longtemps servi le même plat : un peu d’autoritarisme à l’entrée, une portion massive d’illusions en plat principal, et un dessert de promesses jamais tenues. Mais aujourd’hui, les Ivoiriens ont faim. Faim de justice. Faim de vérité. Faim de changement. »
Évoquant son parcours de journaliste d’investigation — connu pour avoir résisté aux tentations de l’argent et bravé les pressions du pouvoir — il a raconté comment son combat contre la corruption et l’injustice l’a conduit en prison en 2008, puis en politique :
« J’ai été arrêté pour avoir écrit ce que tout le monde savait, mais que personne n’osait dire. »
Pour lui, le leadership transformationnel, ce n’est pas parler fort, c’est agir juste. C’est refuser les compromis qui font reculer le pays, même au prix de l’isolement ou de la prison. C’est assumer une parole libre, mais surtout faire de cette parole une action concrète, mesurable, reproductible.
« Le vrai changement, ce n’est pas d’avoir des discours flamboyants. C’est d’avoir des écoles gratuites, de l’eau potable, des décisions publiques fondées sur le bien commun. Un vrai leader ne se contente pas d’inaugurer les routes : il répare la justice. »
Il a également souligné le rôle central que la diaspora peut jouer dans cette transformation :
« Vous avez des idées, vous avez des compétences. Le leadership de demain, c’est de bâtir avec vous, et non sans vous. Il faut créer une Côte d’Ivoire où votre retour est une opportunité, pas un sacrifice. »
Exemples concrets : à Tiassalé, la preuve par l’action
Si la parole d’Assalé Tiémoko séduit, c’est qu’elle s’ancre dans des faits. Dans sa commune de Tiassalé, l’élu a impulsé une série de réformes audacieuses, qui illustrent sa vision du pouvoir local comme levier de transformation nationale.
Si la parole d’Assalé Tiémoko séduit, c’est qu’elle s’ancre dans des faits. Dans sa commune de Tiassalé, l’élu a impulsé une série de réformes audacieuses, qui illustrent sa vision du pouvoir local comme levier de transformation nationale.
« En politique, on peut choisir d’investir dans les billets d’avion et les hôtels de luxe, ou on peut choisir d’investir dans les enfants. À Tiassalé, nous avons fait notre choix. »
1. Suppression des cotisations scolaires (Coges)
Pendant 25 ans, les parents d’élèves de Côte d’Ivoire ont payé chaque année des frais dits de « Coges ». À Tiassalé, ces cotisations ont été supprimées par arrêté municipal, conformément à la loi sur les collectivités.
« Ce que les parents payaient, la mairie le prend désormais en charge. Nous avons réinjecté ces fonds dans le budget communal. Résultat : les familles respirent, l’école devient réellement gratuite, et le niveau d’inscription a explosé. »
L’exemple a fait école : plusieurs maires ont suivi le pas. Mieux encore, cette initiative a inspiré une décision présidentielle qui a généralisé la suppression des coges à l’échelle nationale.
2. Gratuité effective de la scolarité dans la commune
Tiassalé est aujourd’hui la seule commune du pays où l’ensemble des frais annexes à l’école sont couverts : visite médicale, fournitures, photos d’identité, supports pédagogiques, inscriptions à l'examen, tout est pris en charge.
2. Gratuité effective de la scolarité dans la commune
Tiassalé est aujourd’hui la seule commune du pays où l’ensemble des frais annexes à l’école sont couverts : visite médicale, fournitures, photos d’identité, supports pédagogiques, inscriptions à l'examen, tout est pris en charge.
« Quand une dame vend des aubergines au marché et sait que ses 200 francs de taxe journalière permettent à son enfant d’aller à l’école gratuitement, elle comprend ce que veut dire gouverner pour le peuple. »
3. Encadrement scolaire municipal pour les élèves du secondaire
Depuis 2018, la mairie offre des cours de soutien gratuits aux élèves de terminale. Ces séances sont directement supervisées par l’élu lui-même.
« Il ne s’agit pas de se substituer à l’État, mais de montrer qu’un maire peut faire plus que poser des pierres. Il peut bâtir des destins. »
4. Gestion transparente du budget municipal
Les lignes budgétaires prévues pour les voyages à l’étranger ou les dépenses de prestige ont été réaffectées aux actions sociales. Grâce à une meilleure gestion des ressources, les recettes fiscales locales ont bondi, passant de 24 millions à plus de 150 millions de francs CFA entre 2020 et 2023.
« La preuve que la bonne gouvernance paie. Quand les citoyens voient que leurs impôts sont utiles, ils les paient avec fierté. »
Un échange franc avec la diaspora
La séance de questions-réponses a permis à la diaspora de s’exprimer directement. Une citoyenne de Lyon a interrogé le député sur les conditions de retour et de réintégration des compétences diasporiques. Réponse sans détour :
La séance de questions-réponses a permis à la diaspora de s’exprimer directement. Une citoyenne de Lyon a interrogé le député sur les conditions de retour et de réintégration des compétences diasporiques. Réponse sans détour :
« Le pays n’a pas de politique claire pour réintégrer ses enfants de la diaspora. Il faut l’imposer. Mon combat à l’Assemblée, c’est aussi de faire entendre cette voix-là. Vous avez le droit de revenir et d’être utiles, pas juste applaudis à l’aéroport. »
À un autre intervenant qui demandait comment peser dans les décisions politiques depuis l’étranger, Assalé Tiémoko a plaidé pour une représentation institutionnelle directe :
« Il faut des sièges pour la diaspora à l’Assemblée nationale. Pas pour faire de la figuration. Pour légiférer. Pour participer. Pour voter les lois. »
Un appel au rassemblement et à l’action
« Si on veut un pays différent, il faut des citoyens différents. Et ça commence par nous tous, ici présents. »
Il a invité les membres de la diaspora à s’engager activement dans le mouvement ADCI, précisant que la coordination France n’était pas une vitrine, mais une base citoyenne pour construire des ponts solides entre les Ivoiriens de l’intérieur et ceux de l’extérieur.
Cette rencontre a aussi été ponctuée par une prestation artistique et des témoignages vibrants, rappelant que la politique est aussi une affaire de culture et d’émotions collectives.
La séance s’est conclue dans une atmosphère de mobilisation, où les participants se sont dits galvanisés par une parole politique rare. Un citoyen de Bordeaux a résumé le sentiment général : « Pour une fois, un homme politique nous parle sans filtre, et surtout, il nous donne envie d’agir. »
Assalé Tiémoko, quant à lui, a quitté la salle avec cette promesse :
« Je suis venu ici non pas chercher des électeurs, mais des bâtisseurs. Le combat pour une Côte d’Ivoire intègre et juste ne peut être gagné que si la diaspora se tient debout. Ensemble, nous sommes la force tranquille de la rupture. »
À retenir :
Cette rencontre fut également celle du lancement officiel de la Coordination ADCI France
Junior Gnapié
Cette rencontre fut également celle du lancement officiel de la Coordination ADCI France
Junior Gnapié