La résistance aux antimicrobiens (RAM) est aujourd’hui considérée comme une menace sanitaire mondiale comparable aux grandes pandémies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, elle est déjà responsable de 700 000 décès par an et pourrait entraîner plus de 10 millions de morts d’ici 2050 si rien n’est fait. En Côte d’Ivoire, comme dans de nombreux pays en développement, l’utilisation abusive des antibiotiques dans les élevages contribue à aggraver cette crise silencieuse.
Lors des Journées scientifiques des étudiants vétérinaires ivoiriens du Sénégal, le Dr Tolla Laeticia, sous-directrice de la pharmacie et des médicaments vétérinaires à la Direction des services vétérinaires, a rappelé l’ampleur de ce fléau et présenté les bonnes pratiques à adopter pour freiner la progression de la RAM.
L’élevage au cœur du problème
Des règles strictes désormais en vigueur
Face à la gravité de la situation, la Côte d’Ivoire a renforcé son arsenal juridique. Le décret n°2025-43 du 15 janvier 2025 relatif à la pharmacie vétérinaire interdit strictement l’usage préventif des antibiotiques dans les élevages. Désormais, leur utilisation est encadrée et ne peut se faire que sous prescription vétérinaire. Des sanctions pénales sont prévues en cas d’infraction.
En parallèle, la Direction des services vétérinaires, avec l’appui de l’UEMOA et de partenaires tels que l’Institut Pasteur, met en place des mécanismes de contrôle rigoureux des importations et de la distribution des médicaments vétérinaires, afin d’éliminer les circuits parallèles et les produits falsifiés.
Dans nos exploitations, les antibiotiques sont souvent utilisés à mauvais escient : en prévention systématique, comme stimulants de croissance, ou sans prescription vétérinaire. Or, près de 70 % des antibiotiques produits dans le monde sont destinés aux animaux d’élevage, souvent pour des usages non thérapeutiques. Ces pratiques favorisent l’apparition de bactéries résistantes qui menacent non seulement la santé animale, mais aussi la santé humaine via la chaîne alimentaire.
Les conséquences sont lourdes : pertes économiques pour les éleveurs, baisse de productivité, maladies animales plus difficiles à soigner, et risques alimentaires accrus pour les consommateurs.
Des règles strictes désormais en vigueur
Face à la gravité de la situation, la Côte d’Ivoire a renforcé son arsenal juridique. Le décret n°2025-43 du 15 janvier 2025 relatif à la pharmacie vétérinaire interdit strictement l’usage préventif des antibiotiques dans les élevages. Désormais, leur utilisation est encadrée et ne peut se faire que sous prescription vétérinaire. Des sanctions pénales sont prévues en cas d’infraction.
En parallèle, la Direction des services vétérinaires, avec l’appui de l’UEMOA et de partenaires tels que l’Institut Pasteur, met en place des mécanismes de contrôle rigoureux des importations et de la distribution des médicaments vétérinaires, afin d’éliminer les circuits parallèles et les produits falsifiés.
Les bonnes pratiques à adopter
La lutte contre la RAM ne repose pas seulement sur les autorités ou les vétérinaires, mais aussi sur chaque éleveur. En adoptant des pratiques responsables, ils protègent leurs animaux, leurs revenus et surtout la santé des générations futures.
Edithe Valerie Nguekam
Pour protéger l’avenir de l’élevage ivoirien et la santé publique, le Dr Tola recommande :
Consulter systématiquement un vétérinaire avant d’administrer un traitement. Respecter les prescriptions et les doses indiquées, sans improvisation. Ne pas utiliser d’antibiotiques comme stimulateurs de croissance. Renforcer la biosécurité dans les fermes (hygiène, vaccination, isolement des animaux malades). Privilégier la prévention sanitaire non médicamenteuse, pour réduire le recours excessif aux antibiotiques. Comme l’a souligné le Dr Tola, « chaque mauvais usage d’antibiotique rapproche un peu plus l’humanité d’un monde où les infections banales redeviendront mortelles ». Le temps d’agir, c’est maintenant.
Edithe Valerie Nguekam