Changement climatique/ Quel danger pour l'agriculture en Côte d'Ivoire ?

Depuis de début de l’ère industrielle où les hommes ont trouvé de nouveaux compagnons pour les aider à accomplir les tâches manuelles, nous avons augmenté le stock de CO2 (de loin le plus produit par les activités de l’homme) dans l’atmosphère. Les compagnons que nous nous sommes trouvés ne consomment pour la plupart que des combustibles fossiles (charbon, pétrole et le gaz) qui émettent le dioxyde de carbone. Les CO2 et ses autres amis regroupés au sein des gaz à effet de serre (GES) contribuent à réchauffer l’atmosphère terrestre. L’effet de serre est un phénomène qui a permis la stabilisation du climat pendant l’ère de l’holocène. Ce qui a permis aux civilisations humaines de voir le jour. Nous parlons de la période 9500 à 5500 ans avant notre ère où nous avons observé une augmentation de 4°C pendant 4000 ans. Cela à provoqué la disparition de nombreuses espèces qui n’ont pas pu s’adapter. Aujourd’hui avec les émissions anthropiques nous sommes déjà à 1,2° C d’augmentation de la température en deux siècles. Si cette tendance continue, il y a de fortes probabilités que nous atteignions environs 4°C avant la fin de ce siècle. Cette augmentation soudaine aura des effets dévastateurs sur le climat, la biodiversité et les activités humaines. Depuis une vingtaine d’année, on observe des phénomènes climatiques extrêmes comme les sècheresses, les inondations, les vagues de chaleur. Ces risques climatiques extrêmes dont l’ampleur et la fréquence vont s’accentuer avec le temps, nécessitent que les politiques publiques en tiennent compte dans leur planification.

La COP 21 à Paris a été le lieu où les nations de la terre ont pris des engagements face à l’urgence climatique. La Côte d’Ivoire, locomotive sous régionale n’est pas en reste. Elle a pris l’engagement de réduire ses émissions de GES de 30,41% à l’horizon 2030. Ces CND (contribution déterminée au niveau national), si elles sont respectées, pourront permettre de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Ces actions des décideurs politiques doivent être encouragés car si l’on n’y prend garde les évènements climatiques futurs auront de graves conséquences sur tous les secteurs d’activité. La Côte d'Ivoire étant un pays essentiellement agricole et avec environ 50% de sa population qui vit en rural et en lien direct avec l’agriculture, il est nécessaire de jeter un coup d’oeil sur les conséquences possibles du changement climatique sur l’agriculture. Plusieurs conséquences importantes seront observées, on peut citer les sécheresses et inondations plus fréquentes et intenses (Ces événements extrêmes perturbent les cycles de culture, endommagent les récoltes et réduisent les rendements agricoles

Les agriculteurs feront face à des pertes économiques importantes et à une insécurité alimentaire accrue). En outre, l’on peut noter les changements de régime pluviométrique ; La modification des précipitations, avec des périodes de sécheresse prolongées suivies d'inondations soudaines, rend la planification des cultures plus difficile et augmente les risques de mauvaises récoltes. L'irrégularité des pluies rend difficile la prévision des semis et des récoltes. En plus, nous observerons les hausses de température ; les températures plus élevées affectent la croissance des plantes, diminuent les rendements et favorisent la prolifération de ravageurs et des maladies nouvelles. Les cultures sensibles à la chaleur, comme le cacao, sont particulièrement vulnérables. Au niveau du littoral, on pourra observer la salinisation des sols ; l'élévation du niveau de la mer et l'intrusion d'eau salée dans les terres agricoles affectera la qualité des sols et réduira leur fertilité. Toutes choses qui rendront certaines zones impropres à la culture. La forte dégradation des sols n'est pas à exclure. Conséquences : les sécheresses, les inondations. Les pratiques agricoles non durables aggravent la dégradation des sols et réduisent leur capacité à produire des cultures saines et abondantes. On pourra observer également un impact sur la biodiversité. Ce changement climatique affecte déjà la biodiversité des écosystèmes agricoles, menaçant la diversité des cultures et la résistance des plantes aux maladies et aux ravageurs. Tout ceci s’accompagnera de conséquences socio-économiques ; l'ensemble de ces impacts se traduit par une baisse de la production agricole, une augmentation des prix des denrées alimentaires, une pauvreté accrue en milieu rural et une insécurité alimentaire plus importante.

Une contribution de Alfred Kouakou, Ms-Ingénieur, spécialiste des écosystèmes tropicaux, en production des énergies renouvelables et en stratégie-climat des organisations.