Des rêves de justice à la confrontation avec la réalité
Né en 1975 dans un village modeste de Tiassalé, élevé par une grand-mère vendeuse d’aubergines, Assalé Tiémoko rêve jeune de devenir magistrat. Mais ce rêve se heurte à la dure réalité d’un système verrouillé : les concours de la magistrature se monnayent. Ce qu’il refuse.
Diplômé en droit de l’université de Cocody, il se tourne vers le journalisme d’investigation. Très vite, il devient la voix d’une jeunesse déçue, frustrée par l’injustice et les passe-droits. En 2007, il publie une série d’articles sur la corruption judiciaire. Le pouvoir réagit : il est arrêté et incarcéré à la MACA.
« J’ai écrit ce que tout le monde vivait mais n’osait dire. Résultat : la prison. Mais je ne regrette rien. »
À la MACA, il transforme sa détention en mission citoyenne. Il aide à la libération de 66 prisonniers injustement détenus, avec le soutien de la division des droits de l’homme de l’ONUCI. Il rédige "Maca, le silence des vivants, le cri des morts", un article poignant qui contribuera à des réformes dans les conditions de détention. Ce témoignage donnera naissance à son premier livre : "Prisonnier en Côte d’Ivoire" (2009).
Journalisme de combat : la plume contre les puissants
De 2007 à 2016, Assalé se forge une réputation redoutée dans les sphères du pouvoir. Il mène des enquêtes explosant les affaires de détournements, de gestion opaque, de privilèges d’élites. En 2011, il fonde "L’Éléphant Déchaîné", hebdomadaire d’investigation et de satire, sur le modèle du "Canard Enchaîné", qui devient rapidement un symbole de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire.
Journalisme de combat : la plume contre les puissants
De 2007 à 2016, Assalé se forge une réputation redoutée dans les sphères du pouvoir. Il mène des enquêtes explosant les affaires de détournements, de gestion opaque, de privilèges d’élites. En 2011, il fonde "L’Éléphant Déchaîné", hebdomadaire d’investigation et de satire, sur le modèle du "Canard Enchaîné", qui devient rapidement un symbole de la liberté de la presse en Côte d’Ivoire.
« On m’a proposé une valise pleine d’argent pour taire une affaire. J’ai refusé. L’article est paru. L’État a récupéré 40 milliards. »
Ses révélations font tomber des personnalités : 22 personnes sont condamnées, des milliards sont récupérés, et le journal devient un contre-pouvoir citoyen. Il subit des menaces, des agressions, un exil temporaire à Brazzaville, mais tient bon. L’intégrité, pour lui, ne se marchande pas.
L’entrée en politique : faire bouger le système de l’intérieur
En 2016, il se présente aux législatives. Échec. Il prend le temps de l’écoute et s’installe à Tiassalé, sa commune d’origine. Pendant deux ans, il sillonne les quartiers, discute avec les populations, observe, construit un projet politique à hauteur d’homme.
En 2018, il est élu maire de Tiassalé. En 2021, il entre à l’Assemblée nationale. Mais il refuse les privilèges classiques des élus : voyages à l’étranger, per diem, cérémonies fastueuses. Il incarne un nouveau type d’élu, proche, sobre, engagé.
L’entrée en politique : faire bouger le système de l’intérieur
En 2016, il se présente aux législatives. Échec. Il prend le temps de l’écoute et s’installe à Tiassalé, sa commune d’origine. Pendant deux ans, il sillonne les quartiers, discute avec les populations, observe, construit un projet politique à hauteur d’homme.
En 2018, il est élu maire de Tiassalé. En 2021, il entre à l’Assemblée nationale. Mais il refuse les privilèges classiques des élus : voyages à l’étranger, per diem, cérémonies fastueuses. Il incarne un nouveau type d’élu, proche, sobre, engagé.
« Le peuple me donne 3 millions par mois. Je lui dois transparence et courage. Pas le confort du silence. »
Le maire de la transformation sociale
À Tiassalé, son mandat est un laboratoire de rupture :
- Suppression des cotisations scolaires, une pratique devenue une norme injuste depuis 25 ans. Cette décision sera reprise au niveau national.
- Gratuité effective de l’école : visites médicales, fournitures, cours de soutien, inscriptions aux examens sont pris en charge par la mairie.
- Réorientation du budget communal : suppression des lignes de prestige, hausse du budget social.
- Augmentation des recettes fiscales locales : de 24 à 150 millions FCFA en trois ans, sans hausse d’impôts.
Il inaugure également un Centre d’imagerie médicale pour l’hôpital de Tiassalé et propose des projets de développement réalistes, orientés vers l’éducation, la santé et les jeunes.
Un député qui dérange
À l’Assemblée nationale, Assalé ne change pas de ton. Il s’oppose à la hausse du coût de la data mobile en 2023, mobilise l’opinion publique, et provoque l’annulation d’une décision commerciale injuste. Il subit à nouveau pressions et isolement, mais garde le cap.
Il dépose plusieurs propositions de loi : suppression de la TVA sur les frais funéraires, encadrement du coût des obsèques, réforme de la CEI, réduction des taxes sur les boissons de luxe. Chaque combat législatif vise une chose : redonner du pouvoir d’achat et de dignité aux citoyens.
Un leader de rupture : la vision ADCI
Le 2 juin 2024, il fonde le mouvement "ADCI – Aujourd’hui et Demain la Côte d’Ivoire", qui se positionne comme une alternative aux partis classiques. Le projet ? Refonder la confiance entre l’État et le peuple. Miser sur l’éducation, le mérite, la rigueur. Lutter contre la corruption systémique.
Le lancement officiel du mouvement le 23 novembre 2024 à Yamoussoukro attire plusieurs milliers de sympathisants.
Un pont avec la diaspora
Fin mai 2025, lors d’une rencontre à Paris, il appelle la diaspora ivoirienne à jouer un rôle de premier plan dans la refondation nationale. Il propose la représentation institutionnelle directe des Ivoiriens de l’extérieur à l’Assemblée nationale, et un plan de retour encadré et valorisé des compétences de la diaspora.
« Vous êtes une force. Vous avez le droit de participer à la renaissance de notre pays. »
Un intellectuel engagé
Assalé Tiémoko est aussi un penseur. En plus de "Prisonnier en Côte d’Ivoire", il publie "Faux modèles : chroniques des valeurs égorgées" (2018). Il a été sélectionné au programme Young African Leaders Initiative (YALI) et est reconnu comme “Nouveau Leader du Futur” par le Forum de Crans Montana. Il incarne une génération de leaders africains formés, conscients, connectés à leur peuple.
Conclusion : un homme debout
Assalé Tiémoko, c’est l’histoire d’un homme qui a refusé de se taire. Qui a préféré la prison à la compromission. Qui transforme une commune plutôt que de briller dans les salons. Un élu qui rend des comptes, qui inspire, qui agit.
Dans un paysage politique saturé de promesses, il est l’un des rares à incarner une exigence : celle de la cohérence entre la parole et les actes.
Ange Pascal