L’arrestation de Molare est désormais officielle. Dans une vidéo virale postée sur Facebook ce mercredi soir, on voit l’icône du coupé-décalé, visage grave, être escortée par des gendarmes et conduit nuitamment en détention préventive. Cette séquence, partagée massivement, a confirmé ce que plusieurs sources laissaient entendre depuis quelques heures : Molare a été placé sous mandat de dépôt dans le cadre de l’enquête sur l’accident ayant coûté la vie à Elise Tolla, survenu le 5 juillet dernier à Abidjan.
Le choc de cette disparition tragique s’est doublé d’un débat national sur l’impunité supposée des personnalités publiques. Elise Tolla, mère de famille et épouse, a été violemment percutée par une voiture de luxe appartenant à Molare. Si les circonstances exactes restent à préciser, l’absence de délit de fuite et la collaboration de l’artiste avec les autorités ont été confirmées.
Mais dans un poignant témoignage relayé par Dr Diagaunet Dodie, proche de la famille endeuillée (lire l’article sur abidjan4all), c’est surtout la violence du choc, l'état de la dépouille et l'injustice ressentie qui ont relancé la colère. « Quand j’ai vu le corps de cette femme, j’ai compris que nous étions dans un pays où tout le monde n’a pas la même valeur face à la loi », écrit le médecin. Un cri du cœur devenu viral sur les réseaux sociaux.
Quelques jours après le drame, un accord de conciliation entre la famille Tolla et Molare a été annoncé par la presse, dans le cadre d’un règlement à l’amiable. L’artiste a exprimé ses regrets et présenté ses condoléances, alors que la famille Tolla a choisi la voie de l’apaisement.
Mais cet accord, bien qu’humainement salutaire, n’éteint pas l’action publique, surtout en cas de décès. Et c’est bien là que la loi ivoirienne entre en jeu.
D’après l’article 350 du Code pénal ivoirien, en cas d’homicide involontaire causé par imprudence ou négligence, la peine encourue est de six mois à trois ans de prison, assortie d’une amende de 10 000 à 500 000 francs CFA. Si des circonstances aggravantes sont retenues — comme l’excès de vitesse ou une conduite sous influence — les peines peuvent être alourdies.
À ce stade, aucun élément ne confirme un comportement aggravant, et les premières enquêtes n’ont pas révélé de délit de fuite. Toutefois, le prestige de Molare ne le place pas au-dessus des lois, ce que tient à démontrer cette incarcération, perçue par beaucoup comme un signal fort de la justice ivoirienne dans un climat social où l’exigence d’équité devient pressante.
Considéré comme un patron du showbiz, entrepreneur, promoteur culturel et artiste respecté, Molare voyait son aura grandissante bien au-delà des scènes musicales. Mais ce drame vient assombrir ce parcours jusque-là exemplaire.
Ses proches plaident pour un accident malheureux et rappellent son engagement à assumer ses responsabilités. Pour ses avocats, l’heure est à la préparation de la défense, dans l’attente de l’audience qui devra déterminer les responsabilités précises et les suites judiciaires.
À suivre dans cette affaire : La comparution de Molare devant le parquet est attendue dans les jours à venir. Le pays, lui, reste suspendu à cette affaire mêlant justice, notoriété et douleur humaine.
Ange Pascal