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Denis Charles Kouassi ( Directeur Général de la IPS-CNPS ) : “Nous voulons atteindre les 2000 milliards FCFA en 2030”

le Mardi 21 Décembre 2021 à 14:26 | Lu 1025 fois


En prélude à la 28e Conférence annuelle du Forum économique de l’Afrique gagnante qui se tiendra en 2022 les 8 et 9 décembre doublée des Oscars du Leadership des managers champions d’Afrique, le Directeur général de la Caisse nationale de prévoyance sociale de Côte d’Ivoire (CNPS-CI), Denis Charles Kouassi, a bien voulu répondre aux questions de Sidi Abdallah Sy, président de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (CIMA), autour de sa résilience et de ses réalisation. Saisissant cette occasion, Denis Charles Kouassi a dévoilé les recettes qui ont permis à la CNPS-CI de faire sa mutation et de parvenir aux résultats extraordinaires qui font aujourd’hui la fierté de la Côte d’Ivoire qui se positionne ainsi comme un modèle en matière de protection sociale.


Denis Charles Kouassi, directeur général de la IPS-CNPS.
Denis Charles Kouassi, directeur général de la IPS-CNPS.
Sidi Abdallah Sy, président CIMA : Bonjour monsieur Denis Charles Kouassi.
- Denis Charles Kouassi, DG CNPS-CI : Bonjour Président.
 
Sidi Abdallah Sy : Heureux de vous retrouver ce matin pour la deuxième journée de la Conférence annuelle de L’Afrique gagnante qui est à sa 28e édition. Nous avons eu hier nos amis de la RDC, du  Togo, du Bénin et du Sénégal qui nous ont entretenus sur la question du jour. Denis Charles Kouassi, pour nombre de spécialistes, votre modestie dusse-t-elle en souffrir,  vous êtes l’homme, le manager qui a révolutionné la sécurité sociale en Côte d’Ivoire. Parlez-nous un peu des actions qui ont jalonné cette mutation.
- Denis Charles Kouassi, DG CNPS-CI :Merci président. Honnêtement, je ne crois pas avoir un mérite spécial par rapport à ce qui s’est passé dans la sécurité sociale ivoirienne. J’ai juste observé ce qui se passait puisque j’ai commencé ma carrière à la CNPS. J’y suis dans ma 34e année. Donc au début de ma carrière j’ai vu les difficultés que l’on rentrait dans le système de la protection sociale. On a vécu des années très difficiles surtout dans les débuts des années 90 où la plupart des caisses de sécurité sociale étaient en cessation de paiement dont la CNPS de Côte d’Ivoire. Un audit de l’inspection générale de la France avait recommandé, sur un effectif de 2000 personnes, d’en licencier 1000 en l’espace de 5 ans. C’était donc très douloureux. 500 personnes ont été licenciées.  Grâce à la redynamisation de l’activité, nous avions pu remonter la pente. Nous avons fait une autre réforme dans les années 2000 parce que nous avions vu que l’une de nos difficultés c’était la lourdeur de notre statut d’administration publique, pour les marché publics, pour la validation des dossiers dans les niveaux hiérarchiques on avait ces mentions contrôleur budgétaire, d’agent comptable etc. Alors nous avons pensé, en accord avec le patronat, et les syndicats des travailleurs que l’Etat ne devait pas avoir un rôle de contrôle a priori, c’est-à-dire qu’il ne pouvait pas s’ingérer dans la gestion quotidienne. Et avec les partenaires sociaux nous avons réclamé un statut privé pour gérer un service public, afin d’avoir de la rapidité et de la fluidité dans le système de gestion. Le changement de statut a donc été le point de départ. Il en a découlé que dès lors c’est le Conseil d’administration qui nomme le Directeur général. Celui-ci nomme les DGA après avis du Conseil d’Administration et il nomme les différents directeurs et autres collaborateurs. De fait, le DG à la latitude de recruter les compétences nécessaires. C’est un point très important, car beaucoup d’organismes de sécurité sociale n’ont pas ce statut-là. Aussi, les DG éprouvent-il des difficultés à diriger tel qu’ils le souhaitent.
Parlant des différentes étapes que vous me demandez d’évoquer, je puis dire que la première est donc celle dont je viens de  parler : le changement de statut en 2000. Après les difficultés des années 90, nous avons connu de nouvelles difficultés entre 2005 et 2011 à cause de la situation militaro-politique. Devant cette situation, nous nous sommes dit que nous ne devions pas attendre (chaque 10 ou 15 ans) de connaître des déficits avant de réagir. A ce rythme, la sécurité sociale ne pourrait jamais se construire.
La deuxième étape a donc consisté à regarder le modèle économique que nous appliquions pour savoir s’il était bien. Il s’est avéré qu’il n’était pas bien. Or, c’est ce modèle que nous avions appris à l’école de sécurité sociale, pratiqué en Afrique de l’ouest et du centre et hérité des modèles français. Il nous fallait dont changer le modèle ancien qui voulait, notamment au niveau du régime des retraites, que les travailleurs d’aujourd’hui, cotisent pour les travailleurs d’aujourd’hui. On cherchait donc à faire l’équilibre entre les charges et les produits. Mais dans un tel contexte, dès qu’il y a modification de l’environnement économique qui devient difficile ou de la démographie qui fait que l’on vive par exemple plus vieux ou la récession au niveau des emplois, cet équilibre-là est rompu. L’on a donc résolu qu’il fallait changer de modèle économique. Ainsi, désormais, les actifs vont cotiser pour les retraités d’aujourd’hui et en partie pour les retraités de demain. La portion que nous avons ajoutée a permis de créer des réserves importantes. Pour cela, l’on a agi sur deux manettes : l’âge de la retraite est passé de 55 ans à 60 ans et le taux de cotisation est passé de 8 à 14%. Je rends hommage aux partenaires sociaux, employeurs et travailleurs qui ont compris le bien-fondé de ces mesures. Nous avons fait passer le taux à un niveau élevé pour engranger des ressources supplémentaires que l’on peut considérer comme de l’épargne. Et que fait-on de l’épargne ? On l’investit et l’investissement crée de la richesse. Voilà le nouveau modèle que l’on a mis en place. Aussi, là où de 2005 à 2011 l’on avait fait 200 milliards de déficit, dès 2012 lorsque l’on a mis en place ce nouveau modèle économique, on a eu 8 milliards d’excédents la première année, 33 milliards en 2014, 45 milliards en 2015, 63 milliards en 2016, jusqu’à atteindre en 2019, 112 milliards d’excédents. Malgré la covid-19, en 2020 l’on a quand même fait 100 milliards d’excédents. Et cette année 2021 nous attendons 120 milliards d’excédents. Ce sont tous ces excédents cumulés que nous avons investis pour créer de la richesse. Aujourd’hui on a portefeuille monétaire financier qui est passé de 26 milliards en 2012 à 500 milliards fin 2020 et qui va passer selon nos prévisions à 600 milliards en 2021, à 1000 milliards en 2025 et 2000 milliards en 2030. Voilà de façon simple ce que nous avons fait et je ne crois pas que cela soit extraordinaire, mais il fallait y penser.

SAS : Exactement monsieur Denis Kouassi. Le fait que vous soyez un produit maison (vous avez fait 34 ans à la CNPS), vous avez gravi les échelons. Et avec les résultats que vous venez de décrire, vous êtes aujourd’hui une éminence en matière de protection sociale très recherchée. Votre contribution est très bonne dans la mesure où vous êtes passé à du déficit à des bénéfices de plusieurs milliards. Dites-nous exactement ce que représente la CNPS en termes d’investissement aujourd’hui.
- DCK : De l’épargne ou des excédents qui ont été obtenus nous avons, dans un premier temps, diversifié les classes du portefeuille. A l’époque nous étions essentiellement sur le DRT. On a varié en prenant des participations dans des entreprises. Nous avons 20% de la banque NSIA. Nous sommes propriétaire de 20% de la Banque Nationale d’Investissement. Nous sommes propriétaire de 20% de la Bridge bank. Nous sommes propriétaire de 15% d’Eranove. Nous sommes dans 5 fonds de pensions (Amethis et autres). Nous avons varié les classes d’actifs pour essayer de sécuriser notre investissement. De sorte que les produits financiers en 2012 qui étaient de 1 milliard sont passés à 23 milliards en 2020, 26 milliards en 2021 et nous projetons 30 milliards en 2022. Grâce à ces produits financiers, les charges, les montants des produits financiers couvrent l’ensemble de la masse salariale et commencent à couvrir une partie des autres charges. Notre objectif est de faire en sorte que les produits financiers, donc le fruit de nos investissements, deviennent eux-mêmes une autre source de financement de la sécurité sociale. Pourquoi ? Parce que nous sommes à l’heure de la digitalisation et, de plus en plus, les cotisations des travailleurs ne suffiront pas pour couvrir les charges des retraites parce que l’espérance de vie augmente en Afrique ; mais en même temps l’Afrique suit la digitalisation qui, à la longue, va réduire le nombre de cotisants qu’il faut pour prendre en charge l’ensemble des retraités. Faisons donc en sorte que les produits financiers et notre portefeuille financier deviennent une nouvelle source de financement de la retraite et nous mettent à l’abri sur le long terme. Actuellement, les produits financiers couvrent la masse salariale. D’ici à 2025, ils vont couvrir et la masse salariale et l’ensemble des autres charges. Au-delà de 2025, ils vont permettre aussi de prendre en charge les autres prestations. C’est important en termes de performance. Quand nous recouvrons les cotisations, nous distribuons l’ensemble de ces cotisations puisque tout le travail qui est fait en termes de charges nous le finançons par l’ingéniosité de notre investissement à travers nos produits financiers.
 
SAS : Je constate aussi que vous avez la même politique que la sécurité sociale au Maroc ; c’est-à-dire que vous investissez beaucoup dans des secteurs financiers, mais aussi dans des secteurs industriels car je crois savoir que la CNPS est aussi dans l’électricité…
- DCK : Tout à fait. Vous savez que l’Afrique a un grand besoin en termes d’énergie, d’électricité, d’eau. ERANOVE étant un groupe implanté dans plusieurs pays africains et en dehors de l’Afrique, nous avons estimé qu’il était important que nous ayons une part assez significative dans ce groupe pour pouvoir intervenir dans ce domaine stratégique pour les pays africains. Par ailleurs, dans notre portefeuille, qui comme je l’ai dit fait 500 milliards de FCFA, nous avons plus 200 milliards en emprunts obligataires au niveau de l’Etat de Côte d’Ivoire. Cela veut dire que nous alimentons, avec l’épargne que nous avons,  les ressources internes. Des pays africains sont amenés à s’endetter en devises à l’extérieur, ce qui parfois pose des problèmes en termes d’endettement. Il faut que les caisses de sécurité sociale, de plus en plus, mettent de l’épargne au profit de nos Etats afin de réduire le poids de la dette extérieure. Vous savez que l’un des pays les plus endettés au monde, c’est le Japon, soit environ 250% du Pib. En Afrique quand on atteint les 30%, 50%, tout le monde commence à crier que ces pays sont endettés. En réalité, c’est parce que c’est une dette extérieure et qui parfois n’a pas été investie correctement, que cela pose des problèmes de remboursement de la dette. Mais quand vous prenez le cas du Japon, ils sont à 250% du Pib, mais ce sont des dettes intérieures ; c’est-à-dire que pour la plupart elles sont contractées auprès des banques japonaises, des fonds japonais, des ménages japonais. C’est donc une dette qui n’effraie personne car elle est tout le temps renouvelée grâce à l’épargne interne. Il faut qu’en Afrique l’on puisse développer cette épargne interne et les organismes de sécurité sociale sont vraiment le moteur de cette mobilisation de l’épargne. C’est pourquoi je vous ai dit que dans nos projections, d’ici à 2030, notre portefeuille sera à 2000 milliards de FCFA. Dans ce portefeuille, là où aujourd’hui nous sommes autour de 50 milliards par an d’emprunts obligataires souscrits, nous serons peut-être à plus de 100 milliards que nous allons fournir en termes d’épargne intérieure.

SAS : La CNPS investit-elle dans le secteur industriel privé local, agriculture (cacao etc.) ?
- DCK : Tous ce que je vous décris remontent aux réformes de 2012. Nous avons commencé par les secteurs financiers, nous sommes aussi dans l’hôtellerie, nous sommes dans le transport et l’électricité (nous avons un projet avec l’Etat de Côte d’Ivoire, le projet Atinkou), etc.  C’était le temps de consolider notre portefeuille monétaire et financier. Investir dans l’industrie demande beaucoup d’argent. Maintenant nous estimons que nous avons la surface financière pour intervenir dans ce domaine pour transformer nos matières premières soit agricoles soit minières. Nous sommes dans une phase où nous voulons intervenir en tant qu’acteur important dans l’industrialisation de notre pays.
 
SAS : Nous allons passer à un autre sujet, à savoir le capital humain. Je crois savoir qu’à la CNPS vous misez sur les ressources humaines, raison pour laquelle vous êtes entourez de cadres et non des moindres ; ce qui justifierait les résultats que vous avez. Si vous avez aujourd’hui un message à faire passer aux cadres africains en général qui sont dans votre secteur d’activité, qu’est-ce que vous pourriez leur dire ainsi qu’à vos collègues des autres pays ?
- DCK : Vous savez bien le dicton qui dit qu’ «il n’y a de richesse que d’hommes». Je partage entière cette pensée. La qualité des hommes, c’est le potentiel le plus important. En Afrique, il faut que l’on comprenne que la richesse se crée. Vous avez beau avoir des matières premières, vous avez beau avoir des minerais, ce n’est pas ça la richesse. Ce n’est là que le potentiel de richesse. Mais la véritable richesse, c’est la capacité à transformer en plus-value ces matières premières de sorte à créer des emplois et à réduire la pauvreté. Cette richesse-là elle est créée par des cerveaux. Ce sont les cerveaux qui créent la richesse. Quand vous prenez des pays comme la Corée du Sud, c’est peut-être  10 grandes entreprises, mais qui ont une dimension mondiale, qui ont fait passer la Corée du Sud, depuis à peu près 40 ans, du niveau de pays sous développé au niveau de pays développé aujourd’hui. La formation, l’éducation ce sont des points importants. Donc les directeurs généraux doivent faire en sorte de recruter à la sécurité sociale les meilleurs. Je dis toujours que quand on parle de Harvard, ou bien de MIT ou de Stanford pour ne citer que ceux-là, ce n’est pas ce qui est enseigné là-bas qui est extraordinaire, mais  ceux qui en sortent. Si vous recrutez des génies dans votre université, il est sûr qu’à leur sortie ce seront des génies bonifiés. C’est pareil pour les entreprises. Si elles veulent être performantes, elles doivent mettre l’accent sur la qualité des ressources humaines. C’est pour ça que j’ai commencé par faire la chronologie du statut. Si les directeurs généraux n’ont pas les mains libres pour embaucher et qu’ils ont des pressions soit politiques soit sociales, soit familiales pour faire des recrutements que je qualifierais de complaisants, vous ne pourrez pas atteindre les résultats escomptés et encore moins réaliser les performances recherchées. Pour prendre l’exemple de la CNPS, je vous avais dit qu’en 1990 nous étions en situation de cessation de paiement. A cette époque nous avions un effectif de 2000 agents pour un chiffre d’affaires de 25 milliards. Aujourd’hui on a 1500 agents pour un chiffre d’affaires de   400 milliards. Vous voyez qu’en termes de productivité, et grâce à cela non seulement on gère le régime des salariés, mais on vient d’ajouter le régime des travailleurs du secteur informel et indépendants qui sont à peu près au nombre de 6 millions ; c’est-à-dire 7 à 8 fois le nombre des salariés qui sont 800 mille. On n’a pas eu besoin de créer un autre organisme de sécurité sociale pour cette lourde charge. On a estimé que la CNPS était suffisamment capable de gérer ce nouveau régime sans accroître de façon significative ses charges. Et c’est que nous sommes en train de faire grâce à la compétence des hommes, grâce à notre programme de digitalisation et grâce à sa capacité à mener des activités de finances et investissements pour créer de la richesse.

SAS : L’on parle beaucoup d’hommes. Quelle est la place des femmes dans votre organigramme et à la CNPS en général ?
- DCK : Les femmes ont une place très importante. Une place prépondérante. Déjà, elles représentent 52% de l’effectif. Ensuite, il y a des postes clés de direction opérationnelle qui sont confiés aux femmes. La direction financière est dirigée par une femme. La direction des ressources humaines est dirigée par une femme. Cela veut dire que le recrutement est confié à une femme et vous savez l’importance que j’attache à la qualité du recrutement. Les investissements qui ont tant fait pour la création de richesse sont dirigés par une femme au sein de la direction financière. La direction de l’audit qui veille aux procédures et à la conformité est dirigée par une femme. La direction du contrôle de gestion qui permet d’atteindre les objectifs et d’allouer les moyens en fonction des résultats est dirigée par une femme. La structure juridique est dirigée par une femme. La structure des moyens généraux est dirigée par une femme. Ces quelques exemples démontrent à souhait la prépondérance des femmes chez nous. Pourquoi les femmes à la CNPS, contrairement à la plupart des entreprises, ont-elles eu un tel positionnement ? C’est parce que la politique n’est jamais entrée à la CNPS depuis plus de 20 ans.  Comme vous le savez, il y a beaucoup de troubles dans nos pays africains dus soit à des coups d’Etat soit à des rébellions. Et ce sont les hommes qui font plus la politique ; ce sont les hommes qui font plus d’actions de déstabilisation. De sorte que selon les changements périodiques, les femmes n’arrivent pas à progresser dans cet environnement qui n’est pas stable parce que les femmes ne font pas la politique. De sorte que les femmes qui sont entrées à la CNPS depuis un certain nombre d’années ont fait leur parcours sans être gênées par des perturbations politiques qui, pour la plupart installent des hommes aux postes de responsabilités.
 
SAS : Nous allons maintenant parler du maillage de la CNPS à travers le territoire. Vous êtes dans toutes les grandes villes et vous avez des antennes régionales. Cette politique que vous avez initiée vous a permis de résorber un certain gap et d’obtenir les bons résultats qui sont les vôtres. Alors qu’est-ce que vous faites pour mieux consolider cet acquis ?
- DCK : Effectivement, nous sommes représentés dans toutes les grandes villes de Côte d’Ivoire. Mais maintenant, nous allons aller au-delà, dans des contrées plus restreintes ou reculées. Pourquoi ? Parce qu’avec le régime des travailleurs indépendants, ce ne sont plus seulement les entreprises qui sont notre portefeuille. Les particuliers, les entrepreneurs individuels (agricoles, transporteurs ou commerçants) sont au nombre de 6 millions de personnes que l’on doit pouvoir couvrir. Ce qui fait que nous avons un nouveau plan de déploiement sur tout le territoire et étant plus proche. Mais cette proximité sera beaucoup plus traduite dans notre système d’information basé sur le digital, sur le numérique. De sorte que celui qui est loin dans sa plantation, celui qui fait son petit commerce dans son marché, à partir de son smartphone puisse faire sa déclaration, puisse faire son paiement de cotisation, puisse recevoir des cotisations sans avoir à se déplacer. Néanmoins, nous allons faire des déploiements, mais pas avec des effectifs importants pour pouvoir assurer cette proximité physique. La vraie proximité sera donc traduite par le digital.

SAS : Quand on entre à la CNPS, surtout à la direction générale, l’on est frappé par cette propreté, cette sérénité comme dans les grandes entreprises suisses. Est-ce à dire que c’est un modèle que vous avez institué et qui entre en ligne de compte de vos performances ?
- DCK : Disons que nous ne négligeons aucun aspect du management. Depuis la création de richesse jusqu’à la prise en compte de la santé des agents, en passant par la qualité des locaux, il ne faut négliger aucune dimension du mangement. La CNPS est l’une des rares entreprises qui, au niveau sanitaire, disposent d’un système qui permet de réaliser des évacuations en Europe du Président du Conseil d’Administration, du Directeur général, jusqu’au plus petit des agents (celui qui se situe au bas de l’échelle). Tout le monde est éligible. Si la CNPS doit dépenser 30 ; 50 voire 100 millions pour aller soigner un cadre ou un chauffeur en Europe, la CNPS le fait, il n’y a pas de discrimination. Psychologiquement pour les agents, c’est très important de savoir qu’ils peuvent être soignés dans leur pays comme à l’étranger, quel que soit leur niveau hiérarchique.  Cela crée une certaine émulation et une confiance. C’est un caractère humain très apprécié par les agents. Le fait aussi de travailler dans des locaux propres qui n’ont rien à envier à ceux de l’Europe ou des Etats Unis, fait partie aussi de la stimulation, de la grandeur. La sécurité sociale, comme je le dis toujours, ce n’est pas comme des PME ou des grandes entreprises qui peuvent être amenées à disparaître. Ce sont des entreprises dans nos pays africains qui vont prendre de plus en plus d’importance. Il faut qu’en regardant cette entreprise dans tous ses compartiments l’on sente le sérieux. Je vous rapporte une anecdote : dans nos investissements,  souvent l’on prend une partie en fonds propres et une autre partie en dette. En effet, il ne faut pas utiliser tous ses fonds propres pour les  investissements. On utilise aussi les banques pour certains projets. Si vous devez donner un crédit à 6% pour investir dans un projet avec un taux interne de rentabilité de 20%, vous créez de la richesse, vous gagnez de l’argent  car, quand on prend la différence entre 6% et 20% de rentabilité, vous gagnez la différence en richesse. Alors, il y a une banque qui a statué sur un dossier avec ses représentants  qui sont venus de l’extérieur et qui ont logé dans l’hôtel qui est en face de la CNPS. Quand ils ont ouvert le dossier de la CNPS, l’un des responsables de la banque a demandé si  les concernés étaient ceux qui étaient en face de l’hôtel. Ils lui ont répondu « oui ». Il a dit : « passez sur le dossier, l’on accorde. »  C’est dire que même les locaux dans lesquels vous vivez ou travaillez sont aussi signe de crédibilité et c’est cette crédibilité que nous essayons de mettre en avant et de renforcer sur tous les plans.

SAS : Très édifiant ! Quelles sont les actions que vous faites en rapport avec la RSE ?
- DCK : J’ai l’habitude de dire que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est dans notre ADN. Parce que l’objectif de la RSE est de participer à un environnement qui est humain, un environnement qui fait en sorte que les gens se sentent bien, qu’ils retrouvent leur dignité, que ceux qui créent la richesse contribue au développement de leur environnement. Et quand vous avez dit cela  comparé aux missions de la CNPS… eh bien, c’est ce que nous faisons. C’est  dans notre ADN. Je ne sais pas si je me fais comprendre.
 
SAS : Très bien. Raison pour laquelle, pour revenir en arrière, j’ai vu de nombreux cadres autour de vous suivre les gestes barrières. C’est dire qu’à la CNPS les gestes barrières, on les suit toute la journée. Permettez-moi une dernière question. Aujourd’hui, à la CNPS quelles sont vos ambitions ? A vous écoutez, l’on se demande quelle est la recette miracle de la CNPS parce que, ce n’est pas faire un mauvais procès à vos confrères, mais il y a bien un modèle de la Côte d’Ivoire qui fait ses preuves et dont on aimerait savoir le leitmotiv.
- DCK : On a l’habitude d’échanger avec les autres Caisses et de les recevoir. Pour résumer, je leur dis 3 ou 4 choses que j’ai déjà dites au cours de cet entretien. La première des choses, c’est le statut qui doit permettre une souplesse de gestion, une autonomie de gestion, une emprise moindre de l’Etat. Et beaucoup de Caisses n’ont pas ce statut. La deuxième chose c’est le modèle économique dont j’ai parlé. Il faut changer de modèle économique pour pouvoir créer de la richesse. La troisième chose : « il n’y a de richesse que d’hommes ». Il faut embaucher, former le personnel. Il faut embaucher les meilleurs. Il ne faut pas s’arroger des prérogatives de directeur général en embauchant au village, en embauchant des gens de son parti politique, en embauchant les gens de sa religion. Il faut faire fi de tout cela. Seul le mérite doit compter. Et quand vous êtes dans cette dimension, je le disais tantôt, les gens qui sortent de Harvard ne deviennent pas génie en en sortant, mais ils sont génies en y entrant pour bonifier leurs aptitudes. C’est pareil pour l’entreprise. Il faut recruter les meilleurs. C’est pareil dans le football. Que l’on parle du Real de Madrid, de Barcelone, du Bayern ou d’autres clubs de renommée à travers le monde, tous cherchent à recruter les meilleurs pour remporter par exemple la Champion’s League etc. Il n’y a pas de secret. Cela se fait partout, dans le milieu sportif comme  dans tous les domaines. Pourquoi les Européens parlent d’immigration choisie ? Il faut que les Africains se posent des questions. L’immigration choisie ça veut dire quoi ? Cela veut dire que vous êtes un Etat africain, vous formez à grands frais vos populations, vos jeunes. Et quand ils s’en vont en Europe achever leurs études, l’Europe retient les cerveaux. Autrement dit, ils n’ont pas planté, mais ils récoltent. Pourquoi ? Parce que ces personnes en revenant en Côte d’Ivoire ou en Afrique ont peur de ne pas être utilisées comme il le faut ; ont peur de ne pas s’intégrer, peur de ne pas avoir les moyens qu’il faut, peur de ne pas avoir la motivation suffisante. Mais c’est du gâchis pour les pays africains de former des personnes et que ces cerveaux soient récupérés ! Toutes ces années en investissement humain passent par perte et profit ! Quand vous voyez l’Asie (la Chine, la Corée ou autres), depuis 30, 40 ans qu’ont-ils fait ? Ils ont mis l’accent sur l’éducation. Ils ont envoyé leurs jeunes se former aux Etats-Unis ou en Europe et ces personnes sont revenues travailler dans leurs pays avec toutes les conditions dont on a besoin pour s’épanouir. Donc, là aussi, la qualité des ressources humaines c’est très important. Il y a un autre point que je n’ai pas vraiment abordé : il faut que la rémunération dans les Caisses de sécurité sociale soit aux normes de la rémunération dans le secteur privé ; non seulement pour maintenir les cadres, mais surtout pour éviter que l’on vienne débaucher chez vous. Parce que vous êtes une entreprise et que vous avez formé des gens, mais si vous n’êtes pas capables de les retenir, eh bien vous allez former pour les autres et, là encore, ça passe en perte et profit. Il faut donc des rémunérations conséquentes. Nous, lorsque nous recrutons une personne, nous disons que nous voulons recruter la meilleure notamment à des postes stratégiques. Cela peut prendre un an, mais l’essentiel est que nous finissons par recruter un des meilleurs dans le domaine. Il n’y a pas de miracle. 

SAS : Monsieur Kouassi, il est vrai que vous recrutez les meilleurs parce que vous faites aussi partie des meilleurs ; que ce soit vous qui dirigez ou que ce soit la CNPS. Il y a quelques jours vos collègues de l’Association africaine ont honoré la CNPS pour ses résultats. Il y a quelques mois la BRVM vous a honoré aussi pour vos actions. Comme je le dis souvent, vous êtes un champion d’Afrique. Et vous avez à juste titre évoquez aussi le cas de la « Champion’s League ». Je vois que beaucoup de vos cadres suivent ce forum. A eux qui sont jeunes, qui sont de la nouvelle génération, nous leur demandons de poursuivre ce combat. En tout cas, en ce qui nous concerne, je veux passer le message : les 25 et 26 mars 2022 nous serons à Abidjan. Une rencontre des managers africains. Et là, la CIMA va vous honorer parmi les champions d’Afrique monsieur Denis Charles Kouassi.
- DCK : Merci Beaucoup
SAS : Merci pour cette discussion à bâton rompu. Depuis 2 ans, malgré la covid-19, le contact n’a pas été rompu. La communication ne s’est point interrompue durant nos échanges. C’est dire que lorsque l’on est avec les meilleurs, cela ne saurait mentir. Je vous félicite. J’encourage  vos collaborateurs et je leur dis de continuer dans cette réussite qui fait la fierté de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique.
- DCK : Merci président. Merci pour l’honneur que vous nous avez fait en nous invitant à cet entretien.





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