À Abidjan, ce dossier, dont très peu d’informations ont filtré jusqu’ici, fait grand bruit dans les milieux d’affaires. Selon les informations de Jeune Afrique, Abbas Badreddine a été placé en détention le 17 juillet. Il est le directeur général de Plastica, une entreprise très en vue dont le gouvernement utilise l’image pour les campagnes promotionnelles sur l’investissement en Côte d’Ivoire. Son modèle de réussite « Made in Côte d’Ivoire » était ainsi utilisé par le cabinet du Premier ministre Patrick Achi. Le patron de Plastica avait été convoqué une première fois le 14 juillet, avant d’être libéré le lendemain à la suite d’un intense lobbying, à la condition de se présenter le 17 devant la justice. Ce patron très introduit est suspecté d’avoir acquis frauduleusement la nationalité ivoirienne, sur la base d’un décret présidentiel de naturalisation obtenu par son père dans les années 2000 sous Laurent Gbagbo.
Son nom a été donné aux enquêteurs par l’un des cerveaux du trafic, actuellement aux mains de la justice. La magistrate Georges Agathe Glele Olloe, doyenne des juges d’instruction du pôle pénal économique et financier d’Abidjan, en charge de l’enquête, n’a pas hésité à transférer Abbas Badreddine à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), ainsi qu’une dizaine d’autres Ivoiriens d’origine libanaise. Toujours selon nos informations, cette affaire, suivie personnellement par le président ivoirien Alassane Ouattara, a été déclenchée en juin dernier après une alerte donnée par le Qatar aux services de renseignement de la présidence, dirigés par le préfet Vassiriki Traoré. Plusieurs ressortissants syriens s’étaient présentés aux frontières qataries avec des passeports ivoiriens. Et, après un interrogatoire, ils sont passés aux aveux. Depuis plusieurs années déjà, l’Union européenne et des chancelleries signalaient à Abidjan. De nombreux migrants possèdent en effet le passeport ivoirien sans n’y avoir jamais vécu. La Côte d’Ivoire a donc décidé d’ouvrir une enquête, qui a été confiée à l’Unité de lutte contre la grande criminalité (ULGC), commandée par le colonel Inza Fofana alias Gruman. Dans la foulée, le gouvernement a adopté le 15 juin, en Conseil des ministres, un projet de loi pour suspendre l'acquisition immédiate de la nationalité ivoirienne par mariage.
Ce 18 juillet au petit matin, de nouvelles interpellations ont eu lieu dans la boîte de nuit DonPapa, à Biétry, dans la commune abidjanaise de Marcory. Cet établissement, tenu par des Marocains, est fréquenté par le milieu libanais.
Source: Jeune Afrique, mis à jour le 18 juillet 2023 à 17 h 41. Le titre est de la rédaction.