Une vague rétro déferle sur Abidjan ces dernières semaines. Musique des années 60-80, mode vintage, vinyles, esthétique post-indépendance : la jeunesse ivoirienne se réapproprie ses racines avec enthousiasme. Les initiatives se multiplient dans la capitale : soirées vinyles, rééditions d'anciens titres, expositions de photos d'archives.
Plusieurs facteurs expliquent cet engouement. D'abord, l'accès facilité aux archives via les réseaux sociaux comme TikTok et Instagram. Ensuite, une quête identitaire pour une génération née après les grandes crises politiques du pays. Enfin, une certaine lassitude face aux productions ultra-formatées d'aujourd'hui.
Des figures comme "Tonton Mehdi" organisent des soirées vinyles qui attirent des mélomanes de 18 à 50 ans. Des collectionneurs rassemblent patiemment disques et cassettes, effectuant un travail de sauvegarde qui intéresse même des maisons de disques et des marques internationales.
Le phénomène génère aussi des opportunités économiques : boutiques vintage, petits labels indépendants, collaborations de marques en édition limitée. Dans la mode, des créateurs locaux comme Djainin et Bana Bana remixent les silhouettes et imprimés historiques pour des collections contemporaines. Les espaces culturels d'Abidjan en profitent pour programmer rétrospectives et cycles de projection.
Mais au-delà de la mode et du commerce, ce mouvement pose une question essentielle : comment préserver et diffuser la mémoire culturelle dans un pays où l'archivage a longtemps été négligé ? Des acteurs culturels appellent à créer des structures publiques pour numériser et rendre accessible ce patrimoine, plutôt que de le laisser entre les mains de quelques collectionneurs privés.
Ce retour au rétro n'est pas qu'une tendance passagère : c'est une véritable réappropriation culturelle qui pourrait influencer durablement la création artistique ivoirienne.
Junior Gnapié















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