La marche, encadrée par les forces de l’ordre et partie du quartier Saguidiba jusqu’à la place Ficgayo, s’est déroulée dans le calme. Les slogans brandis et scandés appelaient à la levée des exclusions électorales et au respect des droits démocratiques à moins de trois mois du scrutin présidentiel d’octobre.
La présence très visible du Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan a marqué les esprits. Elle s’est ajoutée à celle de plusieurs responsables politiques, comme Danièle Boni Claverie, et de représentants de petites formations et mouvements citoyens, donnant à l’événement une coloration plus large que la simple alliance PDCI-PPA-CI.
Mais cette démonstration d’unité a été entachée par des absences notables. Simone Ehivet, ancienne Première Dame, n’a pas pris part à la procession, préférant délivrer des messages d’apaisement en amont. Charles Blé Goudé, leader du COJEP, a également brillé par son absence, alimentant rumeurs et analyses sur un possible désaccord stratégique. Quant à Ahoua Don Mello, fraîchement déclaré candidat, il n’a pas jugé opportun de rejoindre le cortège, renforçant l’idée d’un front commun encore inachevé.
Au-delà des images fortes de la mobilisation, cette marche pose des questions de fond. Peut-elle déboucher sur une alliance électorale cohérente, ou restera-t-elle un épisode ponctuel dans un climat politique tendu ? Les leaders absents entreront-ils dans la dynamique ou resteront-ils en marge ? Et surtout, comment le pouvoir interprétera-t-il ce signal : comme une invitation au dialogue ou comme un avertissement à encadrer plus strictement ?
En affichant une capacité de mobilisation indéniable mais encore fragile dans ses contours, l’opposition ivoirienne laisse planer une incertitude : celle de savoir si, en octobre, le « front commun » sera réellement uni… ou seulement de circonstance.
Ange Pascal