Abidjan, 5 août 2025 – Dans un entretien d’une heure accordé à Théophile Kouamouo et Norbert Navarro dans le cadre du nouveau programme Décrypter l’Afrique, Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), a vivement réagi à l’actualité politique ivoirienne, à commencer par l’annonce controversée de la candidature d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat. Pour lui, cette décision renforce le risque d’un scrutin conflictuel, alors même que la Côte d’Ivoire, selon ses mots, a « désespérément besoin d’une élection inclusive, transparente et crédible ».
S’il accepte le principe de la candidature de Ouattara, Thiam exige en contrepartie l'ouverture du jeu démocratique à tous les candidats : « OK pour qu’il soit candidat, mais pourvu qu’il joue vraiment le jeu démocratique », avertit-il. Exclu des listes électorales à la suite d’une décision judiciaire sans appel, le leader du PDCI dénonce une instrumentalisation de la justice par le pouvoir. « Il n’y a pas de démocratie sans justice indépendante », martèle-t-il, brandissant les décisions du Comité des droits de l’homme de l’ONU comme preuve que son exclusion est juridiquement contestable.
Thiam s’alarme également des atteintes aux libertés fondamentales et des arrestations ciblant les opposants. Il rappelle que les nombreuses manifestations organisées par le PDCI depuis décembre 2023 se sont tenues dans le calme, soulignant l’absence de tout incident majeur. Pour lui, les récentes violences, notamment l’incendie suspect d’un bus à Yopougon, relèvent d’« une mise en scène » destinée à justifier la répression.
Face aux accusations d’éloignement du terrain, Thiam revendique un engagement constant grâce aux nouvelles technologies et à une présence effective dans les grandes régions du pays. Il s’appuie sur un programme de gouvernement coécrit par 400 cadres du PDCI, qu’il présente comme une alternative crédible pour « une Côte d’Ivoire équitable, prospère et pacifiée ». Sa priorité ? Réformer l’État de droit, renforcer le capital humain et rendre la justice indépendante.
Soutenu par un sondage d’avril 2025 qui le donne vainqueur face à Ouattara avec 57 % des voix en cas de second tour, Thiam affirme qu’« il est temps de laisser les Ivoiriens s’exprimer librement ». Il salue par ailleurs la récente prise de position de l’Église catholique en faveur d’une élection réellement inclusive, appelant à « la palabre africaine » pour surmonter l’impasse politique.
Alors que la présidentielle approche, Tidjane Thiam, que le pouvoir présente comme un candidat hors-jeu, entend incarner une alternative rassembleuse. Il affirme qu’il ne cédera ni à l’intimidation ni aux manipulations : « La vraie force, c’est la raison. Pas la répression. »
Ange Pascal