
Chantal Nanaba Camara, Présidente du Conseil Constitutionnel de Côte d'Ivoire
À vingt jours du scrutin présidentiel du 25 octobre 2025, un parfum de tricherie flotte déjà sur les urnes. Ce n’est plus une rumeur d’opposition, ni un pamphlet militant : c’est le Conseil constitutionnel lui-même qui révèle l’existence de fausses cartes d’identité utilisées dans les parrainages de candidats à la présidentielle.
Ironie du sort, ces mêmes cartes — jugées frauduleuses pour parrainer un candidat — figurent bel et bien sur la liste électorale officielle dressée par la Commission électorale indépendante (CEI).
Autrement dit, ce qui est faux pour le Conseil est vrai pour la CEI. Et ce qui invalide une candidature pourrait valider un vote. Cherchez la logique.
Deux institutions, deux poids, deux mesures
En invalidant plusieurs dossiers, notamment ceux de Pascal Affi N’Guessan, Laurent Gbagbo ou Assalé Tiémoko, le Conseil constitutionnel dit avoir constaté l’usage de fausses pièces dans les parrainages.
Mais il ajoute – noir sur blanc – que ces mêmes pièces figurent sur le fichier électoral. Autrement dit, des électeurs inscrits avec de faux documents voteront en toute tranquillité le 25 octobre, sous le regard bienveillant de la CEI.
Pendant que certains candidats sont écartés pour des irrégularités administratives, des milliers de fraudeurs potentiels garderont le droit de choisir le prochain président.
L’absurdité est totale. On disqualifie des postulants pour “usage de faux”, mais on laisse ces faux se promener dans les urnes.
Une démocratie où l’on punit ceux qui dénoncent et protège ceux qui trichent, c’est tout sauf une démocratie.
Mais il ajoute – noir sur blanc – que ces mêmes pièces figurent sur le fichier électoral. Autrement dit, des électeurs inscrits avec de faux documents voteront en toute tranquillité le 25 octobre, sous le regard bienveillant de la CEI.
Pendant que certains candidats sont écartés pour des irrégularités administratives, des milliers de fraudeurs potentiels garderont le droit de choisir le prochain président.
L’absurdité est totale. On disqualifie des postulants pour “usage de faux”, mais on laisse ces faux se promener dans les urnes.
Une démocratie où l’on punit ceux qui dénoncent et protège ceux qui trichent, c’est tout sauf une démocratie.
Une CEI coupable de silence
Depuis ces révélations, aucune mesure corrective n’a été annoncée par la CEI. Pas de vérification, pas de radiation, pas même une enquête publique.
Cette inertie ressemble à une complicité passive. Comment une institution censée garantir la transparence du scrutin peut-elle tolérer un fichier “contaminé” ?
Le Conseil constitutionnel joue au juge moral, mais c’est la CEI qui détient la clé du scandale.
Rappelons qu’en droit ivoirien, l’usage de faux documents est un délit pénal, puni de six mois à cinq ans de prison et de 10 millions de FCFA d’amende. Pourtant, les détenteurs de ces pièces falsifiées seront bien accueillis dans les bureaux de vote, pendant que d’autres citoyens seront exclus pour une simple faute de frappe administrative.
C’est le monde à l’envers : la fraude est récompensée, la probité sanctionnée.
Cette inertie ressemble à une complicité passive. Comment une institution censée garantir la transparence du scrutin peut-elle tolérer un fichier “contaminé” ?
Le Conseil constitutionnel joue au juge moral, mais c’est la CEI qui détient la clé du scandale.
Rappelons qu’en droit ivoirien, l’usage de faux documents est un délit pénal, puni de six mois à cinq ans de prison et de 10 millions de FCFA d’amende. Pourtant, les détenteurs de ces pièces falsifiées seront bien accueillis dans les bureaux de vote, pendant que d’autres citoyens seront exclus pour une simple faute de frappe administrative.
C’est le monde à l’envers : la fraude est récompensée, la probité sanctionnée.
Un système sous tutelle politique
Cette affaire n’est pas un accident administratif. Elle traduit une faillite morale et institutionnelle.
Le Conseil constitutionnel et la CEI, censés protéger le vote, se renvoient la responsabilité tout en préservant un système verrouillé.
L’opposition, elle, parle de “vol électoral programmé” et menace de saisir les juridictions africaines. Mais qui écoutera encore les cris d’une opposition affaiblie, face à une machine d’État bien huilée ?
Les observateurs de l’Union africaine et de la CEDEAO, présents sur le terrain, évoquent de simples “préoccupations”. L’Union européenne et les États-Unis, eux, promettent des “sanctions” en cas de dérive. Mais la vraie sanction, celle qui compte, c’est celle du peuple ivoirien privé de sa souveraineté.
Le Conseil constitutionnel et la CEI, censés protéger le vote, se renvoient la responsabilité tout en préservant un système verrouillé.
L’opposition, elle, parle de “vol électoral programmé” et menace de saisir les juridictions africaines. Mais qui écoutera encore les cris d’une opposition affaiblie, face à une machine d’État bien huilée ?
Les observateurs de l’Union africaine et de la CEDEAO, présents sur le terrain, évoquent de simples “préoccupations”. L’Union européenne et les États-Unis, eux, promettent des “sanctions” en cas de dérive. Mais la vraie sanction, celle qui compte, c’est celle du peuple ivoirien privé de sa souveraineté.
Le choix entre la vérité et la farce
Le 25 octobre, des millions d’Ivoiriens iront voter, convaincus de participer à un acte démocratique. Mais si des faussaires votent à leur place, ce ne sera pas une élection : ce sera une mise en scène.
La CEI doit d’urgence épurer le fichier électoral, identifier les détenteurs de fausses cartes, et garantir un scrutin crédible.
Faute de quoi, le résultat de cette présidentielle sera frappé d’illégitimité avant même l’ouverture des urnes.
L’histoire récente de notre pays devrait suffire à nous rappeler une chose : les élections truquées coûtent cher, en vies humaines et en dignité nationale.
Si la Côte d’Ivoire veut éviter une nouvelle fracture, elle doit choisir — enfin — entre la vérité et la farce.
Ange Pascal
Journaliste – Abidjan4all.net
La CEI doit d’urgence épurer le fichier électoral, identifier les détenteurs de fausses cartes, et garantir un scrutin crédible.
Faute de quoi, le résultat de cette présidentielle sera frappé d’illégitimité avant même l’ouverture des urnes.
L’histoire récente de notre pays devrait suffire à nous rappeler une chose : les élections truquées coûtent cher, en vies humaines et en dignité nationale.
Si la Côte d’Ivoire veut éviter une nouvelle fracture, elle doit choisir — enfin — entre la vérité et la farce.
Ange Pascal
Journaliste – Abidjan4all.net