À quand un nouveau chef du village d'Akrou pour succéder à Ignace Yacé, décédé en 2024? Une réponse à cette interrogation serait comme un coup d'épée dans l'eau. De fait depuis le rappel à Dieu du patriarche Ignace Yacé lui même ayant succédé à Justin Yacé en 1995, la chefferie du village assurée par un chef intérimaire du nom de N'Guessan Narcisse, est au coeur de plusieurs remous. Plusieurs clans dressés les uns contre les autres se regardent désormais en chiens de faïence, alimentant ainsi une tension généralisée dans le village. " On se chamaille pour un siège " comme l'écrit si bien le dramaturge Hyacinthe Kacou. Mais dans la foulée, le chef de terre, se rend, courant septembre 2025, dans les locaux de la préfecture de Jacqueville pour proposer le chef intérimaire N'Guessan Narcisse comme le futur chef "conformément au choix du village". Cette proposition de désignation obéit elle aux dispositions des us et coutumes du peuple Alladjan? C'est pour soulager cette préoccupation que le sous préfet de Jacqueville entreprend une mission à Akrou le vendredi 21 novembre à 11 heures. L'objectif étant d'avoir l'avis des populations, quant à sa proposition. Une frange de la population a catégoriquement rejeté le choix du chef de terre N'Guessan Kpoukpou Antoine porté sur N'Guessan Narcisse. La place publique était déjà très bondée de monde quand l'administrateur civil fait son entrée. Pour la circonstance, un cargo d'éléments du district de police de Dabou et un autre de l'escadron de gendarmerie nationale avaient quadrillé l'arène. Pour faciliter le processus, le sous- préfet avait posé des préalables pour mieux s'imprégner du mode de désignation d'un chef en pays Alladjan et principalement à Akrou composé de 7 familles. Il les fait alors venir sur la place publique, pour les consulter. " Vous devez dire la vérité en interrogeant vos ancêtres. Il y va de l'avenir du village ", plante t il le décor. Il ressort de l'ensemble des 7 familles que le mode de désignation respecte les us et coutumes. À Akrou, selon les explications de Ahui Bogui Jacques, représentant la famille Tchava, le choix du chef du village est la seule affaire de cette famille Tchava et non du chef de terre. " À Akrou, nous avons deux grandes familles, à savoir celle de Yessoh Nimba, originaire de Abréby, la famille de chef de terre et la famille Tchava qui est la famille régnante, celle qui dispose la désignation du chef de village. Une fois le choix opéré à l'issue d'une consultation familiale chez les Tchava, le chef désigné est présenté au chef de terre, qui ensuite réunit le village sur la place publique pour présenter ce dernier, à son tour.
M. N'Guessan Narcisse, chef intérimaire proposé par le chef de terre
Remontant à l'historique, le premier chef d'Akrou, un certain Ahiva Augustin, issu de la famille régnante avait dirigé la chefferie d'Akrou de 1913 à 1975. C'est à son décès que feu Philippe Grégoire Yacé, désigné pour diriger le village, propose son cousin Justin Yacé. La raison, c'est que le président de l'Assemblée nationale d'alors ne peut cumuler ce poste avec le titre de chef de village. Ce dernier rend l'âme en 1995 mais déjà, sa succession suscite des tractations. Philippe Grégoire Yacé intervient une fois encore pour proposer un autre cousin en la personne de Ignace Yacé, un choix qui n'est pas totalement approuvé par une frange des populations. On en est là quand en 2024, Ignace Yacé est rappelé à Dieu. On estime cette fois que justice sera rendue et qu'un descendant de la famille régnante , les Tchava, va enfin monter sur le trône. Le nom de Tékri Akadjé Gervais circule, comme étant le digne successeur. Mais c'est mal connaître le chef de terre Kpoukpou N'Guessan qui, contre toute attente, désigne N'Guessan Narcisse, jusque-là, le chef intérimaire comme futur chef d'Akrou sans même prendre le soin de respecter les us et coutumes du village, encore moins procéder à une consultation générale. Malgré la contestation générale avec son corollaire de vives tensions, ce dernier se déporte dans les locaux de la préfecture pour déposer le nom de son poulain entre les mains des autorités administratives. Mais, ceux-ci ne sont pas dupes. Le vendredi 21 novembre, sur la place publique, le chef Kpoukpou N'Guessan Antoine n'a pas pu réaliser le coup de force. Ses explications presque tirées par les cheveux ne parviennent pas à convaincre l'autorité administrative très attentif sur les moindres détails de ce dossier sensible. Une frange de la population l'a freiné net.
M. Tékri Akadjé Gervais, fils de la famille Tchava, le choix de la majorité
En tout cas, le sous préfet Koulibaly Saguidi, par souci de préserver la paix et la cohésion, a renvoyé les populations à une autre séance dont la date n'a pas encore été indiquée. Pour ces populations qui espèrent qu'un nouveau chef serait désigné pour mettre fin aux tractations, ce repli stratégique du sous préfet est une décision sage, qui va contribuer à apaiser les tensions.
Les chefs de familles exhortés à la paix
Mais conflit de chefferie met en lumière les conflits d'intérêts. En effet, depuis l'avènement du pont Grégoire Philippe Yacé, la cité balnéaire de Jacqueville connaît un développement fulgurant. Les terres de cette contrée vue comme le futur eldorado en raison de sa proximité avec la grande métropole Abidjanaise sont très convoitées. Ce qui ne manque pas de susciter les spéculations. Le village d'Akrou situé à 4 kilomètres de Jacqueville bénéficie déjà des tentacules du développement de Jacqueville. À ce niveau, le chef pourrait être le pivot de toutes les transactions. Voilà donc le réel enjeu de cette guerre de succession à Akrou. Par effet de contagion, les autres villages situés sur le même parallèle pourraient vivre les mêmes remous. C'est à l'administration centrale de veiller au grain et de savoir appliquer la loi dans toute sa rigueur. Il y va de la quiétude des populations.
Norbert Nkaka















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