Selon Bouazi Lavry Vincent, membre du comité de médiation et natif de Sassako Bégnini, ce conflit foncier d'Adoukro remonte à 2003. " Adoukro est un campement de Sassako Bégnini. Du fait de notre proximité avec la mer, nos parents ont érigé ce campement où ils y cultivaient un peu de tout, y compris des plantations de coco. C'était aussi un débarcadère et porte d'entrée des voyageurs en provenances de Dabou par voie lagunaire. De sorte que 85 % des terres appartiennent à Sassako. Mais en 2003, le sieur Oda Édouard, qui en réalité, n'est pas natif d'Adoukro, épouse la fille d'un patriarche de cette localité, par ailleurs propriétaire de terre. Usant de ce prétexte et avec le concours de certaines grosses pointures de l'administration d'alors, Oda Édouard fait transformer le campement essentiellement peuplé d'allogènes en village en 2007, certainement dans l'objectif de faire des lotissements dans cette localité qu'il considère comme un "no mens land" ( terre inhabitée). Un chef en la personne de Emien Norbert est aussitôt nommé par arrêté préfectoral. De 709 ha de terre que compte la localité, Oda Édouard qui se proclame chef de terre, parvient à annexer les terres voisines et se retrouve avec un patrimoine foncier de 2422 hectares. Spoliant ainsi 1027 ha à Sassako Bégnini, 28 ha à Avagou, 171 ha à Abréby et 244 ha à N'Djem, soient environs 1570 ha, patrimoine d'environ 500 familles", relate Bouazi Lavry Vincent. Commencent alors des péripéties de tractations ponctuées par des séries d'arrestations des chefs de villages et autres notables qui contestaient cette décision. En 2014, faisant fi de la complexité d'une telle aventure, Oda Édouard obtient l'approbation d'un lotissement par le ministère de la construction, du logement, de l'assainissement et de l'urbanisme, sans avoir consulté au préalable les riverains. Un projet pharaonique baptisé "Ville Nouvelle d'Adoukro, tranche 1 et 2 voit le jour. Toutes les oppositions et les interpellations butent sur l'intransigeance du seul Oda Édouard contre tous. Mais le 3 septembre 2021, alors que "le plus grand propriétaire terrien" de la région entreprend de mettre son programme à exécution à travers un déguerpissement massif, le désormais aménageur bute sur la résistance farouche des populations impactées. Des heurts qui éclatent ce jour là atterrissent sur la table du conseil d'État qui mène discrètement des investigations pour recouper le dossier. Le 22 mars 2023, la décision tombe. Tous les lotissements entrepris par le sieur Oda Édouard sont annulés. " C'est un pan du mur construit par Oda Édouard sur la base du faux aux seules fins de spolier les populations de leurs terres qui s'écroule", affirme le maire Joachim Beugré qui appelle les populations à la vigilance jusqu'à ce que la grosse confirme cette importante décision. Il a également salué la justice.